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Buck. - De peur, mylord, que, dans la foule, les blessures de la haine, à peine cicatrisées, ne viennent à se rouvrir, ce qui serait d'autant plus dangereux, que le royaume est peu affermi et sans chef encore. Quand chaque cheval est maître du frein qui le guide et peut diriger sa course où il lui plait, mon avis est qu'on doit prévenir la crainte du mal autant que le mal lui-même.

Glo.-J'espère que le roi a mis la paix entre nous tous; de mon côté du moins la réconciliation est vraie et durable.

Riv. Il en est ainsi de moi, et, je pense, de nous tous. Mais puisque ce lien d'amitié est si récent encore, il ne faut pas l'exposer à la moindre occasion de se rompre; ce qui serait à craindre peut-être, si le cortège était nombreux. Aussi, je pense, comme le noble Buckingham, qu'il est prudent de n'envoyer que peu de monde chercher le prince.

Hast.-Je suis du même avis.

Glo. -Eh bien ! qu'il en soit donc ainsi ! Allons déterminer le choix de ceux qui vont partir pour Ludlow... Madame, et vous, ma mère, - venez-vous donner votre opinion sur ce choix important?

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Tous sortent, excepté BUCKINGHAM et GLOCESTER. Buck. Mylord, quels que soient ceux qui seront envoyés vers le prince, pour Dieu! songez qu'il ne faut pas que nous restions ici tous les deux : car, en chemin, pour préparer l'événement dont nous avons parlé, je trouverai l'occasion d'éloigner du prince toute cette ambitieuse parenté de la reine.

Glo. O mon autre moi-même, mon conseil tout entier, mon oracle, mon prophète, mon cher cousin, je suivrai tes avis, docile comme un enfant. A Ludlow donc, car il ne nous faut pas rester en arrière. (Ils sortent.)

SCÈNE III.

--- TOUJOURS A LONDRES.

UNE RUE.

Deux citoyens se rencontrant.

Premier citoyen.-Bonjour voisin, où donc allez-vous si vite? Second citoyen.-Je le sais à peine moi-même, je vous jure; savez-vous les nouvelles?

Prem, citoyen.-Oui, le roi est mort.

Second citoyen.-Mauvaises nouvelles, par notre dame! Rarement celui qui vient après est meilleur ; je crains, je crains bien que cela ne prouve que le monde va de travers.

Enter another Citizen.

3 Cit. Neighbours, God speed!

1 Cit.

Give you good morrow, sir.

3 Cit. Doth the news hold of good king Edward's death?

2 Cit. Ay, sir, it is too true; God help, the while!

3 Cit. Then, masters, look to see a troublous world.

1 Cit. No, no; by God's good grace, his son shall reign.

3 Cit. Woe to that land, that's govern'd by a child!

2 Cit. In him there is a hope of government;

That, in his nonage, council under him,
And, in his full and ripen'd years, himself,

No doubt, shall then, and till then, govern well.

1 Cit. So stood the state, when Henry the Sixth Was crown'd in Paris but at nine months old.

3 Cit. Stood the state so? no, no, good friends, God wot; For then this land was famously enrich'd

With politic grave counsel; then the king
Had virtuous uncles to protect his grace.

2 Cit. Why, so hath this, both by his father and mother.

3 Cit. Better it were, they all came by his father;

Or, by his father, there were none at all:

For emulation now, who shall be nearest,

Will touch us all too near, if God prevent not.

Oh! full of danger is the duke of Glocester;

And the queen's sons, and brothers, haught and proud:
And were they to be rul'd, and not to rule,

This sickly land might solace as before.

1 Cit. Come, come, we fear the worst; all will be well.

3 Cit. When clouds are seen, wise men put on their cloaks;

When great leaves fall, then winter is at hand;
When the sun sets, who doth not look for night?
Untimely storms make men expect a dearth:

Un autre Citoyen entre.

Troisième citoyen. - Voisins, Dieu vous garde!

Premier citoyen.-Je vous donne le bonjour, maître. Troisième citoyen. La nouvelle de la mort du bon roi Édouard se confirme-t-elle ?

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Second citoyen.-Oui, maître, elle n'est que trop vraie. Dieu nous assiste !

Troisième citoyen. — Alors, mes maîtres, attendez-vous à voir des troubles dans ce royaume.

Premier citoyen.-Non, non, par la grâce de Dieu, son fils réguera.

Troisième citoyen.-Malheur au pays qui est gouverné par un enfant !

Second citoyen.-Il y a toujours espoir d'être bien gouverné d'abord sous son nom, par un conseil, pendant sa minorité, ensuite par lui-même, quand il sera múri par l'âge; soyez-en sûr, et jusqu'alors il gouvernera bien.

Premier citoyen.

Ainsi était le royaume quand Henri VI fut couronné à Paris, à l'âge de neuf mois..

Troisième citoyen.-Ainsi était le royaume! Non, non, mes bons amis, Dieu le sait; car alors ce pays d'Angleterre était riche en hommes d'état et en sages politiques; le roi avait des oncles vertueux pour protéger sa grâce.

Premier citoyen. Comment? celui-ci en a également du côté paternel et du côté maternel.

Troisième citoyen. Il vaudrait beaucoup mieux pour lui qu'il n'en eût que du côté de son père, ou même qu'il n'en eût aucun de ce côté. Leur rivalité, à qui sera le plus près du roi, nous frappera de trop près, nous autres, si Dieu n'y met ordre. Oh! c'est un homme bien dangereux que le duc de Glocester; ce sont des gens bien superbes et bien hautains, que les fils et les frères de la reine; et si, au lieu de gouverner, ils étaient gouvernés eux-mêmes, ce pauvre pays d'Angleterre pourrait se reposer, comme par le passé.

Premier citoyen. rées; tout ira bien.

Allons, allons, nos craintes sont exagé

les

Troisième citoyen.-Lorsqu'on voit des nuages au ciel, hommes sages mettent leur manteau. Lorsque les feuilles tombent, l'hiver n'est pas loin. Quand le soleil se couche, qui ne pense que la nuit va venir? Les orages hors de saison font pré

All may be well; but, if God sort it so,

'Tis more than we deserve, or I expect.

2 Cit. Truly, the hearts of men are full of fear: You cannot reason almost with a man

That looks not heavily, and full of dread.

3 Cit. Before the days of change, still is it so: By a divine instinct, men's minds mistrust Ensuing danger; as, by proof, we see

The water swell before a boist'rous storm.
But leave it all to God. Whither away?
2 Cit. Marry, we were sent for to the justice's.
3 Cit. And so was I; I'll bear you company.

(Exeunt.

SCENE IV. - THE SAME.

-

A ROOM IN THE PALACE.

Enter the Archbishop of YORK, the young Duke of YORK, Queen ELIZABETH, and the Duchess of YORK.

Arch. Last night, I heard, they lay at Stony-Stratford; And at Northampton they do rest to-night:

To-morrow, or next day, they will be here.

Duch. I long with all my heart to see the prince;

I hope he is much grown since last I saw him.

Q. Eliz. But I hear, no; they say, my son of York
Hath almost overta'en him in his growth.

York. Ay, mother, but I would not have it so.
Duch. Why, my young cousin? it is good to grow.
York. Grandam, one night, as we did sit at supper,

My uncle Rivers talk'd how I did grow

More than my brother; Ay, quoth my uncle Glocester,
Small herbs have grace, great weeds do grow apace :
And since, methinks, I would not grow so fast,
Because sweet flowers are slow, and weeds make haste.
Duch. 'Good faith, 'good faith, the saying did not hold
In him that did object the same to thee:

He was the wretched'st thing, when he was young,
So long a growing, and so leisurely,

That, if his rule were true, he should be gracious.

Arch. And so, no doubt, he is, my gracious madam.

voir une disette. Tout peut venir à bien; mais, si Dieu nous fait cette grâce, c'est plus que nous ne méritons, et que je n'espère. Second citoyen.— Il est vrai que tous les cœurs sont pleins de crainte. On ne peut s'entretenir avec personne qui ne vous paraisse triste et rempli d'appréhensions.

Troisième citoyen.-Il en est toujours ainsi à la veille des jours de révolution. Par une inspiration divine, l'âme pressent le danger qui la menace, comme on voit l'eau s'enfler à l'approche d'une tempête violente; mais, à Dieu l'avenir! où allez-vous?

Second citoyen. - Eh, pardieu, nous sommes appelés devant les juges.

Troisième citoyen.-Et moi aussi. Je vous y accompagnerai. ( Ils sortent.}

SCÈNE IV. — TOUJOURS A LONDRES.

PALAIS.

- UNE CHAMBRE DU

L'Archevêque d'YORK, le jeune Duc d'YORK, la REINE et la Duchesse d'YORK entrent.

L'arch.- La nuit dernière, dit-on, ils ont couché à StonyStratford; ils s'arrêteront cette nuit, à Northampton; demain ou après demain ils seront ici.

La duch.-Je désire de tout mon cœur voir le prince. J'espère qu'il est bien grandi depuis la dernière fois que je l'ai va. La reine Elis. Mais, on dit que non; l'on ajoute que mon fils d'York est presque aussi grand que lui.

York. C'est vrai, ma mère; mais, j'aurais voulu que cela ne fût pas.

La duch. Et pourquoi mon enfant? c'est bien de grandir! York.-Grand'mère, un soir que nous étions à souper, mon oncle Rivers disait que je grandissais plus vite que mon frère..... Oh, dit mon oncle Glocester, petite plante a de la grâce; mauvaise herbe croit vite! Depuis ce temps, il me semble que je ne voudrais pas grandir ainsi, puisque les douces fleurs sont long-temps à venir et que les mauvaises herbes poussent vite.

La duch.-Vraiment ! vraiment ! celui qui te disait cela n'a point justifié son proverbe par lui-même; c'était dans son enfance, un être si chétif, si lent à croître et à avancer, que si sa règle était vraie, il serait plein de bonnes qualités.

L'arch.-Sans aucun doute, il en est ainsi, ma gracieuse dame.

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