O U LES GÉORGIQUES FRANÇOISES. PREMIER CHAN T. BOILEAU jadis a pu, d'une imposante voix, Dicter de l'art des vers les rigoureuses lois; Se peut-il enseigner? Non sans doute, et mes chants, Des austères leçons fuyant le ton sauvage, Viennent de la nature offrir la douce image, Apprendre à la bien voir, c'est apprendre à l'aimer. Ne se reprochent point le plaisir qu'ils ont eu ! Mais peu savent goûter leur volupté touchante : Pour les bien savourer, c'est trop peu que des sens; Il faut une ame pure et des goûts innocens. Nos riches d'autrefois, nos pauvres Lucullus, Ce riche qui, d'avance usant tous ses plaisirs, S'écrie à son lever: « Que la ville m'ennuie! 《 Volons aux champs; c'est là qu'on jouit de la vie, Qu'on est heureux. » Il part, vole, arrive; l'ennui1 Le reçoit à la grille, et se traîne avec lui. A peine il a de l'œil parcouru son parterre, Les relais sont mandés: lassé de son château, Tous deux sont innocens, le tort est à son cœur : Le doux plaisir des champs fuit une pompe vaine : Qui jusque dans les champs me transporte la ville: Bien plus à plaindre encor les jeunes téméraires Des puissances du jour assiégent la demeure, Pour qu'un regard distrait en passant les effleure, |