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le miocène inférieur. Enfin, l'Hyanodon et le Peratherium, dont M. Aymard a cru devoir faire un didelphe, achèvent de donner à cette faune un caractère particulier qui ne permet pas de la paralléliser avec celle du calcaire de Beauce et lui assignerait plutôt une position intermédiaire comme celle que remplit par exemple, dans le bassin de Paris, la faune lacustre des calcaires de Brie. Mais c'est seulement avec le calcaire à Astéries de la Gironde, ainsi qu'avec les dépôts du Nebraska, qui appartiennent au miocène le plus inférieur, que les calcaires de Ronzon offrent des analogies de faune bien marquées. En quittant les marnes et les calcaires de Ronzon, la Société s'est dirigée vers Ceyssac, coupant en ligne droite le plateau basaltique au centre duquel s'élève le volcan du Croustet. On est ainsi arrivé sur les bords du Riou-Pezzouliou, après avoir constaté la position de certains lits de cailloux roulés qui séparent le calcaire lacustre du basalte dont il est recouvert.

Le Riou-Pezzouliou est un ruisseau bien connu des minéralogistes c'est dans son lit que les enfants du village d'Espaly vont, depuis bien des années, recueillir les zircons qu'ils vendent à quelques marchands de minéraux, et qui vont alimenter les collections de minéralogie ainsi que les laboratoires de chimie (1). Avec les zircons, les enfants d'Espaly, pour qui l'arrivée de la Société est une bonne fortune, viennent offrir dans leurs sébiles des saphirs, des corindons, des grenats et autres gemmes constamment associées dans les gisements de cette nature. Pris d'une noble émulation, nos confrères veulent, à leur tour, trouver des zircons, et les voilà, Président en tête, qui remontent le lit du Riou-Pezzouliou en lavant les sables dans les rares flaques d'eau que l'on y rencontre. On eût assurément pris la Société, en ce moment-là, pour une bande de chercheurs d'or remontant un des ruisseaux de la SierraNevada !

Les enfants qui nous accompagnaient finirent, moyennant une légère prime et après quelques petites supercheries, par nous faire découvrir des zircons en place dans le basalte. Quand nous disons en place, il est bien entendu que nous ne prétendons nullement que le basalte soit le gisement primitif de ces gemmes. Tout, au contraire, tend à faire croire qu'elles

(1) Ce gisement paraît s'épuiser un peu aujourd'hui ; d'ailleurs, M. Bertrand de Lom a découvert dans la Haute-Loire d'autres gisements analogues dont le plus riche se trouve sur le versant méridional du volcan du Coupet.

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ont été enlevées à des roches plus anciennes. Les fragments de granite englobés dans les laves ainsi que dans les scories en renferment fréquemment. D'ailleurs ces cristaux présentent parfois des phénomènes de boursouflement et d'altération comme les autres matières entraînées par la lave; enfin on en retrouve dans les brèches anciennes. Aussi MM. Bertrand de Doue, Aymard, Bertrand de Lom, n'ont-ils pas hésité à considérer toutes ces gemmes comme des cristaux arrachés à des formations anciennes, notamment aux roches granitiques.

En achevant l'ascension du plateau, on a pu constater l'origine basaltique de la terre végétale qui le recouvre; c'est au milieu de ces débris volcaniques plus ou moins désagrégés et décomposés, que les eaux atmosphériques prennent les sables gemmifères qu'elles amènent au Riou-Pezzouliou.

Parvenus au faite, nous apercevions déjà le rocher pittoresque de Ceyssac qui surgit au fond du vallon du même nom, dont il s'isole par des abruptes presque verticaux au pied desquels nous fùmes bientôt parvenus.

En gravissant les pentes qui conduisent au sommet de ce rocher, on a pu constater que les brèches anciennes qui le constituent offraient des traces manifestes de stratification. C'est ce qu'avait déjà très-positivement indiqué Bertrand de Doue (1). Ce fait a frappé tous les membres de la Société, et il en est résulté une discussion au sujet de l'origine directement éruptive que les géologues du Puy attribuent à ces brèches, contrairement à l'origine de Bertrand de Doue, qui les regardait comme des lambeaux d'un dépôt lacustre, et à celles de quelques-uns de nos confrères qui n'y voient qu'un dépôt sub-atmosphérique de déjections volcaniques plus ou moins incohérentes. Quelques membres de la Société se sont alors rendus, sous la direction de MM. Tournaire et de Saporta, sur les bords du ruisseau qui passe à Ceyssac et, remontant de quelques centaines de pas ce cours d'eau, sont arrivés en face d'escarpements formés par des marnes feuilletées qui ont conservé de nombreuses empreintes végétales. Ce dépôt paraît postérieur à l'époque miocène, et M. de Saporta, qui en a étudié la flore, voudra bien, je l'espère, nous édifier sur son âge ainsi que sur ses véritables caractères.

Revenus au sommet du rocher de Ceyssac, nous y trouvons un déjeuner organisé par nos hôtes du Puy dans une des an

(1) Dever, géogn, des environs du Puy-en-Velay, p. 480.

ciennes grottes creusées dans le roc, et sur lesquelles M. Aymard veut bien nous fournir de précieux renseignements archéologiques. On comprendra que je doive glisser rapidement sur cette partie de la journée qui n'a cependant été ni la moins animée ni la moins agréable; mais ce que je ne saurais oublier, à moins d'être ingrat, c'est de me faire ici l'écho de mes confrères, et d'offrir à MM. Vinay, Chassaing et Giron nos remerciments les plus vifs pour l'empressement et la grâce parfaite qu'ils mettent à pratiquer envers nous les vertus hospitalières de leur beau pays.

En descendant du rocher de Ceyssac, les membres de la Société se sont dirigés vers la Borne qu'ils ont traversée, et ont été visiter les carrières de Cormail oùd'on exploite le gypse et où se montrent, au-dessus des marnes sans fossile, les assises gypseuses à Palæotherium, ainsi que les calcaires miocènes qui les recouvrent. Cormail est au pied de la montagne de Denise, dont on a fait bientôt après l'ascension.

Parvenue à la route de Brioude au Puy, la Société s'est trouvée en face d'escarpements de brèches anciennes, assez semblables à celles de Ceyssac, où quelques personnes ont de nouveau remarqué des indices de stratification.

M. Aymard, soutenant que ces brèches provenaient de coulées boueuses, a cherché un appui dans le passage insensible qu'offrirait près de là, avec elles, un filon de basalte qui les traverse. Nous avons dû, à cet égard, nous séparer d'avis avec notre savant confrère du Puy, ne pouvant admettre, pas plus pour les filons de la Denise que pour ceux du rocher SaintMichel, qu'il y eut véritable passage entre la roche basaltique d'intrusion et les brèches qui les encaissent. M. Delanoüe a insisté à son tour sur le caractère stratifié des dépôts de brèches anciennes, et l'on est convenu, d'un commun accord, d'ajourner la solution de cette question jusqu'à ce que la Société en ait pu examiner tous les éléments. Ces brèches constituent dans le voisinage des rochers très-pittoresques que l'on ne manque pas de remarquer près du Collet, en se rendant de Brioude au Puy, et qui portent la trace de longues dégrada tions.

Le croquis suivant, que nous en avions pris dans un voyage précédent, peut en donner l'idée.

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ROCHERS DE BRÈCHES ANCIENNES AU COLLET, SUR LES FLANCS DE LA DENISE.

Elles fournissent une pierre de construction estimée que l'on exploite sous le nom de pierre de Denise.

Quittant alors les brèches anciennes, la Société s'est rendue sur l'emplacement où eut lieu, en 1844, la découverte d'ossements humains dont l'antiquité paraît remonter au delà des dernières éruptions volcaniques du Velay. Les couches de tufs au milieu desquelles ces ossements furent trouvés, paraissent recouverts par des brèches que Bertrand de Doue a considérées comme formant un lambeau déplacé de sa position primitive. D'après les géologues du Puy, ces tufs se seraient déposés à divers niveaux sur les flancs de la montagne et descendraient, comme la coulée de la Croix-de-Paille, presque jusqu'au niveau actuel de la Borne dont la vallée était, par conséquent, à peu près aussi excavée que de nos jours. Ce fait rajeunirait les tufs à nodules de limonite et à ossements humains de la Denise, ét tendrait à les reporter à l'époque à laquelle se sont déposées les alluvions quaternaires à Elephas primigenius des berges de la Borne.

Après avoir quitté le gisement de l'homme fossile de Denise, la Société est allée visiter les colonnades basaltiques de la Croix-de-Paille, bien connues sous le nom d'Orgues-d'Espaly. Peu de colonnades sont aussi régulières que celles de la Croixde-Paille, et l'on peut dire que toute la coulée, jusqu'à la

sissants.

Borne, a subi le retrait prismatique. Les prismes y sont généralement verticaux; en un certain point, cependant, ils sont notablement inclinés et forment l'éventail. C'est de cet endroit que la vallée de la Borne, avec ses rochers abruptes de brèches anciennes, présente ses effets les plus bizarres et les plus sai

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VUE DE LA VALLÉE DE LA BORNE, PRISE DES ORGUES DE LA CROIX DE PAILLE.

De la carrière, où les prismes sont verticaux et exploités comme pierres de borne, on aperçoit le cratère de la Denise avec ses contreforts de brèches anciennes, et ses pentes roides couvertes de scories, de bombes et de lapillis.

La Société devant terminer son excursion par la visite de la collection de M. Pichot-Dumazel, force lui fut de s'arracher à ces spectacles attachants pour descendre au hameau de SaintMarcel.

La collection de M. Pichot, sur laquelle M. Aymard a publié il y quelques années un fort intéressant rapport, comprend, outre de nombreux spécimens de roches et de minéraux du pays, un très-grand nombre de fossiles tertiaires, parmi lesquels on remarque surtout des ossements de mammifères.

Les calcaires de Ronzon s'y trouvent représentés par les débris d'oiseaux, de reptiles, de poissons, de batraciens, etc.

Le gisement de Vialette, qui paraît représenter le pliocène inférieur, a fourni à M. Pichot de beaux restes de mastodontes

La Borne' R.

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