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toutes les roches traversées. On l'a bien compris à Naples, où l'on a formé, depuis longues années, une collection complète et immense de tous les minéraux et roches rejetés par les cratères des environs.

Il serait fort important qu'une étude analogue fût entreprise par nos savants confrères du Puy qui ont déjà fait preuve de tant de zèle et de sagacité dans l'art de colliger. C'est ainsi qu'ils pourront nous donner la série complète de leurs terrains supra-granitiques et surtout infra-graniques, s'il y en a.

M. Aymard présente quelques observations en réponse à la note de M. J. Delanoüe.

M. Aymard ne pense pas que les phénomènes actuels puissent expliquer toutes les formations volcaniques anciennes. Il rappelle que le mode d'apparition des trachytes demeure en dehors de tous les faits observés de nos jours.

Il ne croit pas enfin à l'existence des brèches analogues à celles des environs du Puy dans les volcans en activité.

Après avoir rappelé la constitution des conglomérats et des laves de l'Italie, il insiste sur ce fait que la brèche de Corneille s'enfonce dans le sous-sol.

Il persiste donc, jusqu'à plus exactes observations, à la considérer comme s'étant fait jour sur place. Il pense qu'il suffirait d'une galerie creusée au pied de Corneille pour décider la question.

M. Grüner demande la parole.

Après avoir défini le mot brèche, M. Grüner déclare que ce terme ne lui semble pas pouvoir s'appliquer à Corneille. M. Grüner a pu distinctement reconnaître des traces de stratification. Corneille serait sans doute plus exactement défini par le terme de tuf basaltique.

La masse de la Roche-Rouge est constituée par un basalte compacte dont les bords empâtent de nombreux fragments brisés (conglomérat de frottement). Mais on ne peut certainement pas considérer Corneille et la Roche-Rouge comme de même nature et de même formation. Corneille présente un caractère franchement sédimentaire; on ne peut comprendre autrement la stratification de sa masse. M. Aymard pense qu'une galerie poussée au pied de Corneille pourrait résoudre

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la question. M. Grüner regrette de ne pas partager l'avis du savant géologue du Puy.

Il se peut fort bien que la roche soit renversée par une faille et qu'elle s'enfonce profondément dans le sous-sol. C'est même là une hypothèse très-plausible.

En résumé, M. Grüner pense que les divers dykes des abords du Puy sont de véritables tufs basaltiques, et que leur isolement est dû à des failles d'abord, à l'érosion ensuite.

M. de Rozemond pense que tout le monde est à peu près d'accord pour reconnaître que Saint-Michel et Corneille sont de formation ancienne. D'un autre côté, l'érosion qui a creusé la vallée est récente. Il faut donc que ces roches se soient fait jour à travers les couches enlevées par la dénudation. Si ces roches s'étaient formées à la manière des tufs provenant d'éléments projetés, ces tufs auraient dû au contraire protéger les couches qui ont été attaquées par l'érosion. Il se peut que le Velay ait été le théâtre de phénomènes particuliers différents de ceux qui se passent de nos jours.

M. Aymard a déjà eu l'occasion d'exposer son opinion sur les dykes des environs du Puy, il croit cependant devoir, en réponse à M. Grüner, rappeler rapidement les faits sur lesquels il s'est appuyé pour admettre la nature purement éruptive de ces roches. Elles contiennent des fragments de granite et de calcaire profondément altérés; jamais aucun fossile, tandis que les conglomérats plus récents renferment des restes nombreux d'animaux et de végétaux. L'orientation même de ces dykes, qui rappelle celle de la plupart des pays du centre de la France, vient encore appuyer cette opinion. Il y a inclinaison des couches autour de Corneille, et cette inclinaison ne correspond qu'à la dislocation nécessaire à une éruption. On a insisté beaucoup sur la stratification confuse de certaines de ces roches. C'est surtout à Ceyssac que ce phénomène est manifesté. Il se peut que la brèche se soit trouvée en ce point au milieu de circonstances facilitant sa stratification à la sortie de la cheminée d'éruption.

A Saint-Michel, où la brèche ne s'est pas épanchée, on ne trouve aucune trace de stratification; toutes les lignes de fissure sont perpendiculaires. Enfin, M. Aymard déclare qu'il a voulu, en employant le mot brèche, donner la préférence au terme dont s'étaient servi les géologues anglais dans l'étude de ces mêmes roches.

M. Tournaire ne pense pas que les phénomènes actuels puissent expliquer tous les phénomènes anciens.

S'il n'y avait dans les environs du Puy que des conglomérats analogues à ceux des plateaux du Collet et de Denise, les explications par voie aérienne seraient plus satisfaisantes que celles par éruptions boueuses. Les deux explications pourraient peutêtre s'appliquer au Collet.

Mais quant aux conglomérats sur le flanc de la vallée de Polignac, quant à ces nappes partant des masses basaltiques et s'étendant dans la vallée, ce sont là de véritables coulées.

Corneille présente enfin une particularité nouvelle.

Les remarques que M. de Rozemond vient de présenter ont une véritable importance. Si ces tufs avaient été projetés dans la vallée, comment admettre qu'il n'en serait pas resté des masses sur les flancs de la vallée où ils auraient été mieux placées pour résister à la dénudation. L'opinion de M. Grüner qui admet que ces roches doivent leurs dispositions à des failles, ne peut guère résister à cette particularité que les couches du terrain à gypse se correspondent exactement des deux côtés de la vallée. Comment admettre du reste qu'un mouvement de bascule soit venu planter de telles roches aussi profondément dans les couches lacus tres. Aussi M. Tournaire admet-il l'opinion de M. Aymard à propos de Saint-Michel.

M. de Rozemond ne pense pas que les failles aient joué le rôle de causes. Il est bien plus probable que la formation et l'arrivée des roches volcaniques aient occasionné certaines dislocations profitables aux dénudations postérieures.

M. Lory présente les observations suivantes :

Je crois qu'on ne saurait trop insister sur l'importance considérable des érosions qui ont eu lieu dans le bassin du Puy, à diverses reprises, pendant les périodes pliocène et quaternaire. En raison de la nature peu résistante des couches tertiaires, des failles qui les ont fracturées et à travers lesquelles se sont faites les éruptions, ce bassin et les diverses formations volcaniques qui s'y sont succédées ont été bien plus profondément corrodées que d'autres parties du plateau central formées de roches plus solides. A part quelques exceptions qui ne comprennent guère que les volcans modernes, comme

Denise et quelques volcans plus anciens, comme Cheyrac, les formations volcaniques du Velay ne sont plus, on peut le dire, que des ruines; on ne peut, je crois, s'en rendre compte que par un procédé semblable à celui de l'archéologue qui étudie les restes épars d'une ancienne cité; c'est-à-dire en cherchant les analogies de ces ruines avec telles ou telles parties d'appareils volcaniques complets, comme il en subsiste de si beaux exemples dans l'Auvergne, dans le Vivarais, etc. C'est d'après cette méthode que j'ai essayé d'expliquer, l'autre jour, l'origine des conglomérats anciens du Puy, etc. Je me rapproche. de l'opinion de nos savants confrères du Puy en ce sens que je crois que les matériaux de ces conglomérats ne sont pas venus de loin, et que ces roches de Corneille et de Saint-Michel, d'Espaly, de Ceyssac, de Polignac, ont fait partie de plusieurs anciens volcans dont il ne reste que ces lambeaux. Mais je ne saurais admettre une analogie de structure et de formation entre ces conglomérats d'entassement et le vrai dyke éruptif de la Roche Rouge; et je crois qu'on ne saurait appliquer à ces roches le nom de dyke sans le détourner considérablement du sens qui lui est généralement attribué.

M. Vinay expose qu'il est possible de reconnaître deux sortes de phénomènes volcaniques dans les environs du Puy.

Les opinions de M. Delanoüe semblent justifiés par les formations volcaniques récentes, tandis que les opinions des géologues du Puy s'appliquent peut-être plus exactement à l'explication des phénomènes anciens. On ne trouve pas de cratères à proximité des dykes. Il est vrai que l'opinion de M. Lory explique leur absence.

M. de Rozemond signale à l'attention de la Société un disque percé de basalte, d'une époque antéhistorique, et recueill i par lui dans le bassin de Chaudey roles. Bien que ce sujet s'éloigne un peu des préoccupations ordinaires de la Société, il a cru trouver en lui un intérêt suffisant pour justifier cette mention.

M. Aymard insiste sur l'intérêt de cette communication.

Il expose à ce propos quelques curieuses considérations sur les patines des objets antéhistoriques de l'époque de la pierre polie, trouvés dans les environs du Puy, comparés à celles des cailloux basaltiques eux-mêmes.

Soc. géol., 2 série, tome XXVI.

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M. Tournaire, après avoir présenté à la Société la carte géologique de la Haute-Loire qu'il vient d'exécuter, lit la note suivante :

Note sur la constitution géologique du département de la HauteLoire et sur les révolutions dont ce pays a été le théâtre, par M. Tournaire.

Pl. VIII.

Dès que la géologie est devenue l'objet d'études positives, l'attention des savants et des hommes qu'intéresse l'histoire du globe, s'est portée sur les montagnes de l'Auvergne, du Velay et du Vivarais, qui présentent de vastes formations d'origine volcanique, les unes identiques aux cratères et aux laves de nos jours, les autres, en différant par leur aspect ou par la nature des roches, mais ayant avec les produits des émissions actuelles une évidente parenté et dont les analogues ou les similaires. sont associées de même aux volcans encore en feu.

Le Velay a rencontré en Bertrand de Doue un observateur éminent et un écrivain distingué. Sa très-remarquable description des environs du Puy, quoiqu'elle soit déjà ancienne, eu égard à la récente création et aux développements rapides de la géologie, est restée pleine d'intérêt par la vérité de ses tableaux, l'exactitude des détails qui y sont mentionnés et le grand nombre d'idées justes qu'elle exprime. Les publications postérieures ont sur divers points ajouté à la connaissance des terrains et rectifié, selon les progrès de la science, une partie des vues théoriques. Celle de Poulett Scrope notamment est précieuse par ses belles planches aux vues panoramatiques et géologiquement coloriées, qui donnent aux yeux une excellente représentation de la structure et du relief du pays. Mais ce sont surtout les découvertes paléontologiques qui ont été abondantes et fructueuses, grâce au zèle et à la sagacité des savants qui habitent le Puy. Les terrains tertiaires, comme les terrains volcaniques, ont contribué aux richesses de leurs instructives collections.

Le champ des spéculations et des études auxquelles le Velay et les contrées voisines peuvent donner lieu, est cependant bien loin d'être épuisé. Ayant été chargé de tracer à grande

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