Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

est vrai que mes recherches n'ont mis à ma disposition qu'un contingent paléontologique assez maigre.

Dans les environs de Marseille, la séparation mathématique du jurassique supérieur d'avec le valenginien est facile à opérer, à cause de la différence minéralogique, ainsi que de la couche raboteuse et perforée par les Pholades par laquelle débutent, au-dessous du valenginien marneux, les calcaires lithographiques à Nérinées kimméridgiennes. Malheureusement il n'en est point de même pour les Basses-Alpes. Mais, quelle que soit l'élasticité du procédé mis en œuvre pour allonger le néocomien inférieur au détriment du jurassique supérieur, là où aucun fossile ne pourra s'opposer aux empiétements, il faudra bien s'arrêter, pour les Basses-Alpes, aux bancs à Hemicidaris purbeckensis et Aptychus latus, qui appartiennent à une faune kimméridgienne et que nous savons être supérieurs à l'oxfordien supérieur. Quant à la Basse-Provence, la limite n'est pas incerlaine. Dans l'un comme dans l'autre cas on sera obligé de se ranger à l'opinion que j'ai émise, il y a plus de vingt ans, que la série jurassique est aussi complète, sinon dans ses détails, du moins dans son ensemble, depuis la base jusqu'au sommet, en Provence que dans le Jura. Dans les champs arides de la science, on voit souvent les glaneurs faire une récolte plus abondante que ceux qui les ont ensemencés. Le terrain jurassique du Midi semble appartenir à cette catégorie, et il est possible que, pour la question qui nous occupe, le mérite de la découverte revienne à ceux qui seront venus un demi-siècle après les véritables inventeurs, ainsi que cela s'est déjà produit pour les gypses keupériens des départements du Var et des Bouches-du-Rhône; mais l'essentiel est d'aboutir à la vérité.

Dans un travail récemment publié (1), M. Pictet mentionne une coupe donnée par M. Mojsisovies, qui semble indiquer dans la région classique du Klippenkalk une succession d'étages

comme espèce nouvelle une Bélemnite dont il ne donne ni la description ni la position. A en juger par les figures, elle ressemble au B. Sauvanausus que l'on recueille à Rians et à Aix, dans les marnes oxfordiennes, associé aux B. hastatus et Didayanus. J'ai dû fournir ces indications, afin qu'on ne tirât point des conséquences prématurées de la comparaison de certains fossiles dont la forme et les détails d'organisation ne sont pas encore suffisamment connus.

(1) Pictet. - Étude provisoire des fossiles de la Porte-de-France, d'Aizy

[ocr errors]

et de Lémenc. 1868.

presque identique avec celle que nous a fournie la montagne des Dourbes. Ces étages consistent : 1o en un néocomien inférieur (correspondant au néocomien inférieur de Berrias et à celui du col de Chaudon); 2° en l'étage tithonique d'Oppel (assise C de notre coupe et probablement B en partie); 3° bancs à gros Aptychus; 4° couche inférieure à Ammonites tenuilobatus. Si, d'après l'opinion de M. Pictet et des géologues allemands, les bancs à Aptychus et à Amm. tenuilobatus sont kimméridgiens dans la vallée de l'Isère et dans les Carpathes, on concédera sans peine qu'ils le sont également en Provence, puisque leur position et les fossiles sont les mêmes.

Les résultats intéressants auxquels est arrivé M. Pictet m'ont engagé à publier de suite les détails que j'ai pu recueillir sur les calcaires lithographiques de la montagne des Dourbes, dont l'histoire est loin d'être complète encore. De mes études sur les Alpes provençales il résulte pour moi que les divergences ont eu principalement pour origine la confusion introduite par l'état minéralogique différent sous lequel se présente l'étage néocomien inférieur, suivant les lieux où on l'observe, et le mépris, que l'on affecte en général pour les masses non fossilifères. Ainsi, on n'aurait peut-être pas assez remarqué qu'à Chardavon et dans une partie des Hautes-Alpes, le valenginien avec Ammonites semisulcatus et Belemnites latus est argileux dans son ensemble, tandis que le même valenginien ne serait marneux que dans sa partie supérieure et calcaire à sa base. On peut y joindre un troisième faciès, celui des environs de Marseille, où le valenginien, composé d'argiles et de calcaires hydrauliques, contient, au lieu de céphalopodes, des bivalves et la Natica Letiathan. Or, comme, dans ces diverses régions, valenginien à faciès argileux de Chardavon, valenginien à faciès lithographique des Dourbes, valenginien à faciès calcaréo-marneux de Marseille, reposent tous sur 150 mètres de calcaires lithographiques avec fossiles kimméridgiens, et que ces calcaires sont placés eux-mêmes au-dessus du jurassique moyen, il me semble que les difficultés pour la question d'attribution sont moins réelles qu'apparentes, et qu'on n'aurait point tant discuté sur le calcaire de France si, dans cette partie du département de Isère, la séparation de la formation crétacée d'avec la formation jurassique avait pu s'opérer avec autant de sécurité que dans les alentours de Marseille ou de Batna en Algérie (1).

(1) M. Brossard a rapporté d'Anouel (subdivision de Sétif) un exemplaire

Je suppose qu'il doit en être de même pour le Stramberg; car dans les fossiles des Carpathes que je dois à l'obligeance de M. Zittel, je vois avec la Terebratula hippopus, qui est néocomienne en Provence, les Rhynchonella inconstans et Astieriana kimméridgiennes en France et que l'on rencontre à Escragnolles, à deux pas des Dourbes, la Terebratula Repelliana (T. moravica) kimméridgienne à Échaillon (1). Dans tous les cas,

très-bien conservé de l'Ammonites ptychoichus qu'il rapporte à la formation jurassique.

(2) La Société géologique a eu tout récemment l'occasion d'examiner dans les collections de la Faculté des sciences de Montpellier la Terebratula Repel liana provenant de bancs supérieurs à l'oxfordien des environs de cette ville. Elle a eu également sous les yeux une série très intéressante de fossiles coralliens de la Cérane près Ganges, parmi lesquels abondaient les polypiers, les Nérinées et la Diceras arietina.

D'un autre côté, l'étude de la chaîne calcaire de la Gardiole, qui s'élève au sud-est de la ville de Frontignan, m'a montré, au-dessus du kellovien marneux avec Belemnites latesulcatus et Ammonites macrocephalus, recueillis en la compagnie de 12 membres de la Société, un système très-puissant de calcaires gris lithographiques, contenant en assez grande abondance les Belemnites hastatus, Ammonites canaliculatus, A. plicat lis, etc., et exploités sur divers points comme pierres d'apparat, ainsi que cela se pratique également pour les bancs du même âge dans les alentours de Marseille. Ces calcaires oxfordiens sont surmontés par de très-grosses masses de dolomie, qu'il ne faut point confondre avec celle de Mourèze, au nord du pic paléozoïque de Cabrières, et qui appartient à l'oolithe inférieure. C'est en tout point la reproduction servile, et terme pour terme, de notre jurassique moyen et supérieur des environs de Marseille. Les calcaires blancs supérieurs à Nérinées n'apparaissent pas dans la Gardiole, parce que, vers le nord, où plongent les couches, la chaîne est brusquement recouverte par la mollasse miocène.

Notre collègue M. de Grasset a recueilli, à son tour, à Marrou, au pied du causse de la Selle (Hérault), une Bélemnite qui rappelle exactement le B. latus, tel qu'on le recueille à Berrias et dans les Basses-Alpes. Sa longueur est de 60 millimètres, son épaisseur maximum de 20. Son sil on latéral est profond et s'avance peut-être un peu moins vers le bord terminal que dans les exemplaires des Basses-Alpes ; malgré sa courte taille il est muni de son phragmocône. Il est identique, à part ses dimensions qui sont plus fortes, avec les Bélemnites de même forme que j'ai recueillies dans l'oxfordien des environs d'Aix. Je croyais l'échantillon de Marrou néocomien ou tithonien; mais, en examinant avec soin les Ammonites qui l'accompagnaient et qui ont été recueillis dans le même banc, je me suis assuré qu'il était oxfordien. En effet les fossiles concomitants appartiennent aux Ammonites Henrici, canaliculatus, hecticus, plicatilis et Belemnites hastatus.

Pour en finir avec les Bélemnites ensiformes de la division des latus, je

ces difficultés, qui peuvent paraître réellement très-grandes en ce moment, s'aplaniront peu à peu, j'en ai la conviction, si à la suite de recherches plus serrées on parvient à tracer convenablement des zones fossilifères distinctes au milieu de ces masses lithographiques qui, considérées en bloc, fournissent des fossiles de même apparence que l'on suppose provenir d'un étage unique, quoique, en réalité, ils puissent provenir de niveaux différents. L'étude des Dourbes autorise une supposition pareille. Quoi qu'il en soit, je ne pense point que ces difficultés soient de nature à faire prévaloir en géologie un principe nouveau, et que l'étage tithonique du Stramberg, comme les Dourbes et les calcaires lithographiques de la Basse-Provence, seront décidément enrôlés sous le drapeau jurassique. Dans tous les cas, si on discute encore sur les Dourbes, sur Berrias, sur le Klippenkalk, sur la Porte-de-France, la question est jugée définitivement pour les environs de Marseille. La position des puissantes masses de calcaires lithographiques avec Nérinées et polypiers, les calcaires magnésiens, les dolomies, c'est-à-dire un ensemble qui, sur plusieurs points, comme à Carpiagne, dépasse la puissance de 300 mètres; la position de cet ensemble entre l'oxfordien supérieur et le valenginien lui assigne la date du jurassique supérieur.

Note additionnelle.

La découverte faite par M. Boutin de la Terebratula moravica (T. Repelliana, d'Orb.)dans un étage corallien de Ganges (Hérault), espèce signalée à la fois à Oyonnax, à Échaillon et dans le Stram

dirai que j'ai découvert dernièrement dans le quartier de Michouran, au sud de Trets (Bouches-du-Rhône), dans l'oolithe la plus inférieure, et au-dessous des bancs à Ammonites Humphriesianus, deux exemplaires de Bélemoite voisine du B. latus, courte, mais un peu plus effilée, conservant son phragmocône, et dont le sillon latéral occupe l'étendue entière du rostre. C'est un type intermédiaire entre le B. latus et le B. Didoyanus Jė cite ce nouvel exemple, afin qu'on ne soit pas entraîné, en dehors des limites raisonnables, par la question seule des formes, pour la désignation des étages géologiques.

Ces divers fossiles, que j'ai eu l'honneur de présenter dans une des séances de la session extraordinaire à Montpellier, vont être communiqués à M. Pictet, qui s'est occupé avec tant de soins de la paléontologie des divers terrains dont la comparaison pent être de nature à éclairer la question encore obscure des calcaires de la Porte-de-France.

Soc. géol., 2o série, tome XXVI.

berg, mérite de ne point passer inaperçue. Aussi, j'engageai vivement M. Boutin à poursuivre ses recherches dans des bancs qui avaient déjà fourni d'excellents résultats paléontologiques, et je viens de recevoir de ce zélé géologue la communication de nombreux radioles du Cidaris glandifera, Goldf., l'Eugeniacrinus Heberti, de Loriol, et l'Apiocrinus Meriani ou Roissyanus. Cette découverte a la plus grande importance à mes yeux, parce qu'elle concorde avec la présence du Cidaris glandifera et de F'Eugeniacrinus Heberti dans la brèche de Lémenc (Savoie), où, suivant M. Pictet, ils occupent la partie la plus supérieure du terrain jurassique, c'est-à-dire la place du kimméridgien ou du portlandien. On sait que le Cidaris glandifera est accompagné en Algérie de fossiles séquaniens. Ainsi il me paraît bien difficile d'admettre que cette espèce et l'Eugeniacrinus Heberti puissent être néocomiens à Lémenc. On voit dans tous les cas que leur présence à Ganges, dans des bancs franchement supérieurs à l'oxfordien, et leur association avec l'Apiocrinus Roissyanus et Terebratula moravica, fournissent un argument de plus en faveur de l'opinion qui s'oppose à ce qu'on décapite sans motifs le jurassique supérieur du Midi de la France.

Au moment même où je recevais l'envoi de M. Boutin, M. Garnier, inspecteur des eaux et forêts à Digne, venait me communiquer obligeamment une série de fossiles extraits d'un calcaire blanc très-pur, à faciès corallien, entre Chasteuil et Rugon, dans les Basses-Alpes. Cette station se trouve sur le prolongement de la chaîne des Dourbes, entre Castellane et Moustier, sur les bords du Verdon. Ces fossiles consistent en nombreux polypiers, en Échinides, mais surtout en une Diceras, voisine de la D. arietina, mais se rapprochant aussi des D. du kimméridgien des environs de Porrentruy, décrites par Thurmann, et de la Terebratula Repelliana. M. Garnier compte retourner à Rougon afin d'exploiter ce gisement d'une manière plus complète, et il se propose de nous le faire connaître dans une notice spéciale. En attendant, il a bien voulu m'autoriser à annoncer sa découverte, qui a pour but de démontrer par un nouvel exemple que le jurassique, dans les Basses-Alpes, ne finit point à l'oxfordien. Sans pouvoir décider encore si dans. les bancs de Rougon il faut voir le corallien de Châtel Censoir ou celui de Tonnerre et d'Angoulins, il constate qu'ils sont supérieurs à l'oxfordien et qu'ils sont séparés du néocomien inférieur par une masse de calcaires lithographiques sans fossiles, dont il estime la puissance à plus de 60 mètres.

« ZurückWeiter »