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crois pas exagérer en disant que l'hiver dernier, pendant le peu de jours qu'on y a travaillé, on a soulevé 400 kilogrammes d'os de divers mammifères; de cette extrême abondance je n'ai retenu qu'environ 30 kilog. en molaires, défenses d'Éléphants, bois de Cerfs. De ces derniers je dois mentionner un fragment que j'ai déjà eu l'honneur de vous montrer: c'est un fragment d'un bois du Cervus tarandus ou Renne. Parmi les connaisseurs auxquels j'ai eu le plaisir de le faire voir, il en est qui doutent, d'autres qui affirment très-positivement. L'éminent professeur Nicoluci me permettra de citer ici son témoignage; lorsque je lui ai montré le bois en question avec un fragment de la même espèce, que je dois à l'excessive bienveillance de M. Ed. Lartet, M. Nicoluci dit en voyant ces deux pièces. qu'il n'y avait entre elles d'autre différence que celle qui existe entre le bois d'un Cerf vieux et celui d'un Cerf jeune, c'est-à-dire que l'un, celui du Monte delle Gioie, est plus gros; l'autre, venant des cavernes de la Dordogne, est plus petit. Vous remarquerez sans doute, Monsieur, l'importance de ce fragment trouvé à côté de la caverne. La région la plus méridionale où cette espèce ait été trouvée est, je crois, le département de l'Ardèche, c'est-à-dire vers le 45° degré de latitude N; sa présence dans le post-pliocène de Rome montre que cet habitant des glaces est descendu jusqu'au 41° 43'.

Avant de finir la description de la colline, je dois signaler un dépôt argileux qui se trouve adossé au travertin que j'ai mentionné sur l'O. C'est dans ce dépôt que j'ai trouvé une tortue du genre Emys, que je propose de nommer Emys Anienis; je donnerai plus tard le dessin et la description de cette espèce nouvelle. L'argile contient aussi beaucoup de coquilles fluviatiles, dont plusieurs vivent encore dans nos ruisseaux; d'autres en ont disparu; de ce nombre sont un Unio, une Paludine et une Valvata. Ces mollusques sont à la partie supérieure du dépôt, qui contient aussi des éléments volcaniques; toute cette partie est adossée au travertin et au tuf; mais la partie moyenne, celle qui est au niveau du no 4 de notre coupe, ne contient pas d'éléments volcaniques ni de coquilles; j'ai pu encore l'observer à un niveau inférieur aux nos 1 et 2, où je n'ai pas vu non plus d'éléments volcaniques, ce qui me fait présumer qu'il existe des rapports intimes entre la partie inférieure de ce dépôt et les couches 1 et 2 de la coupe.

CONCLUSION.

Quoique je ne puisse considérer la question de la formation. du tuf lithoïde comme entièrement résolue par les faits que j'ai brièvement exposés, je considère néanmoins ces derniers comme éminemment propres à bâter sa solution dans le sens de la plupart des géologues étrangers qui visitent le pays, c'est-à-dire qu'il devient de plus en plus probable que cette roche est de formation atmosphérique, et qu'il faudra la rayer des formations pliocènes pour l'inscrire la première dans le post-pliocène.

Il me paraît en effet évident que, pour la campagne romaine, le pliocène finit avec ces couches de sable, de gravier ou d'argile, qui reposent horizontalement sur le subapennin incliné. Elles ont la plus grande analogie avec le nouveau pliocène, si commun dans le Languedoc et particulièrement dans les environs de Toulouse.

Avec les volcans commence le post-pliocène; d'après ces données, je place les couches nos 1 et 2 dans le nouveau pliocène et celles indiquées par les n° 3, 4, 5, 6, 7 et 8 dans le post-pliocène. Les dépôts formés par le remaniement du postpliocène proprement dit forment le post-pliocène récent. Cette classification admettra toutes les subdivisions que l'observation et l'étude rendront nécessaires, et elle offrira des points de départ nettement caractérisés.

Tout le monde connaît les caractères généraux du subapennin; mais ici il a cela de particulier qu'il est toujours un peu incliné, et que tous les dépôts postérieurs sont dans une position horizontale, à moins qu'ils ne soient adossés; car alors ils peuvent présenter une inclinaison accidentelle qu'il est facile de reconnaître comme telle. Le nouveau pliocène se distingue des formations subséquentes par l'absence de matières volcaniques, le post-pliocène, par la présence de ces mêmes matières. Le post-pliocène récent est caractérisé par sa position stratigraphique et par sa station près des courants d'eau, mais surtout par la présence de l'homme, des débris de son industrie, et des animaux qui ont apparu avec lui, comme le Certus dama.

§ II.

La caverne du Monte delle Gioie a pour la géologie du pays tout l'intérêt de la nouveauté, car c'est la première qui ait été Soc. géol., 2o série, tome XXVI.

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étudiée. Il est vrai que Boucher de Perthes annonça, il y a de cela 58 ans, qu'il en avait trouvé une à Palo, à 7 lieues de Rome, et d'où il avait pu extraire des os humains et des silex taillés; mais il fut seul à voir ces choses. Depuis cette époque, M. le docteur Bleicher, M. le chevalier de Rossi et moi avons fait d'inutiles recherches dans cette contrée. Le mot de cavernes a aussi été prononcé dans diverses publications récentes; il semble que les géologues aient soupçonné leur existence dans les montagnes voisines, mais rien n'a été vu, et personne, que je sache, n'a pensé à les chercher dans la campagne de Rome. On semblait même si persuadé qu'il ne pouvait y en avoir, que, lorsque j'ai parlé de cette découverte, on m'a témoigné une surprise qui allait jusqu'à l'incrédulité.

Il est, en effet, difficile de concevoir des cavités naturelles dans un dépôt formé par les eaux, qui n'a pas subi de secousses depuis sa formation, et dont les couches sont dans une horizontalité parfaite.

C'est en étudiant ce qui est ici appelé travertin spongieux, en rejetant de sa formation l'intervention des eaux thermales, en tenant compte de l'immense quantité de chaux que les volcans, ayant leur foyer au milieu des formations calcaires, ont répandue dans leurs déjections, que je suis arrivé à la conclusion, que non-seulement il y avait des cavernes dans les tufs stratifiés, mais qu'elles doivent y être nombreuses. En effet, qu'on veuille bien se rappeler que les déjections volcaniques contiennent de la chaux, soit à l'état de mélanges durcis, soit à l'état de combinaisons chimiques, et que la désagrégation permanente des uns et la décomposition des autres remettent constamment en liberté une grande quantité de cette substance qui, entraînée par les eaux dans les fentes ou autres cavités du sol, tend à se cristalliser ou au moins à se durcir, et forme ainsi le travertin spongieux ou ces concrétions travertineuses dont j'ai parlé à l'article précédent. Cela admis, imaginons (chose qui certainement doit avoir eu lieu) deux fentes dans le sol, inclinées l'une vers l'autre jusqu'à se toucher par leur bord supérieur, et même se confondre en une seule, de manière à former un Y ou un V, renversés de cette façon A, A; il su¦fira qu'un courant d'eau vienne enlever la terre qui se trouve entre les plaques formées dans ces fentes pour produire une cavité souterraine dont l'étendue pourra être très-variable. Cette manière d'expliquer la formation des cavernes dans les tufs stratifiés de la campagne romaine diminue la difficulté

qu'on éprouve à se rendre compte de ce phénomène, quand on considère qu'il s'est accompli au sein d'une roche friable et presque à sa surface. Ce n'est pas sans quelque répugnance que j'expose ici sommairement cette théorie nouvelle, presque toute dépourvue des faits qui pourraient la soutenir; mais j'y été amené par le besoin d'expliquer la formation de la caverne que j'ai à décrire.

Cette caverne est située sur le flanc méridional du Monte delle Gioie, près du Ponte-Salara, à 200 mètres du chemin de fer, et à 36 mètres au-dessus du niveau actuel du Teverone. Son ouverture, lorsque je la découvris en février dernier, formait comme une vaste bouche cyclopéenne entr'ouverte et traversée obliquement par une grosse stalactite qui semblait en protéger l'entrée; elle avait 3 mètres dans le sens horizontal, et seulement 0, 50 dans le sens vertical. La pente de la colline était tellement rapide au-dessous que je ne pus y arriver qu'avec difficulté et en profitant des travaux faits latéralement pour chercher de la pierre. Il ne me fut pas d'abord possible d'y pénétrer; mais je pus l'examiner et même recueillir un bois de Cerf à la surface de la terre végétale, dont la première partie était remplie. Ce bois, entièrement pétrifié, n'avait pas été déposé ainsi à la surface, mais il avait été soulevé par les Renards, qui ont fait, pendant des siècles, leur demeure dans cette caverne; les preuves de leur récent séjour étaient abondantes, comme nous le verrons tout à l'heure.

Les lèvres de l'ouverture, les parois latérales aussi bien que la voûte sont formées de concrétions calcaires, mamelonnées, très-dures, qui se sont produites, comme je viens de le dire, dans les fentes du sol; elles se composent de couches superposées, souvent peu adhérentes entre elles, ayant quelquefois un commencement de cristallisation; elles ont un aspect trèsuniforme dans toute l'étendue de la caverne. Le sol, c'est-à-dire ce qui reste après qu'on a enlevé la terre végétale ou argileuse qui remplissait la caverne, se compose de sable, le plus souvent un peu durci, d'autres fois agglutiné par rognons. La forme générale de la caverne est celle d'une galerie tortueuse qui tantôt se rétrécit ou s'élargit, tantôt s'élève ou s'abaisse ; j'en ai déjà déblayé de 15 à 20 mètres, et rien n'annonce que je sois au bout. La première partie ressemble assez à un four à pain; de là, par une ouverture basse et étroite, on entre dans un second compartiment de 2,50 d'élévation; la voûte s'abaisse ensuite et les parois se rétrécissent pour s'élargir de

nouveau, et ainsi de suite. La terre végétale qui remplissait la première partie avait été remuée et était dans un état pulvérulent dans la direction de l'O., aussi bien que dans un petit bras qui s'étendait de ce côté; ce bras secondaire a fourni peu de fossiles; c'est dans cette partie surtout que les Renards avaient établi leur terrier; les coprolithes anciens et récents y étaient abondants; ils étaient réunis dans un coin écarté et couverts de terre; ceux qui m'ont paru les plus anciens avaient acquis un poids et une dureté considérables.

Au-dessus de cette terre pulvérulente, il existait une petite couche de sable contenant des débris abondants de poissons, et au-dessous une petite couche de cailloux roulés, tous de volume fort petit; ces cailloux reposaient directement sur le tuf, qui forme la partie principale de la huitième couche. C'est dans ces cailloux qu'a été trouvé un des silex taillés les mieux caractérisés.

Je reviens à la partie centrale près de l'entrée. Vers l'E., la terre végétale était tassée et avait une puissance de près de 2 mètres; mais dans la seconde partie, au second compartiment, elle était stratifiée dans l'ordre suivant de haut en bas :

1° Boue argileuse, noire, humide, crevassée, contenant des Hélices et des os fossiles de plusieurs petits animaux vivant encore dans le pays.

2o Sable fortement coloré par l'oxyde de fer; pas de fossiles. 3o Sable gris un peu durci.

4° Terre noire; c'est là surtout que se trouvent les gros fossiles.

5o Sable gris moins coloré que le n° 2, contenant une grande quantité d'os de poissons. Ce sable semble avoir formé le lit des eaux dans tout l'intérieur de la caverne, et partout les os de poissons y sont abondants.

Dans toute la longueur de ce bras, les cailloux roulés manquent autant que les stalagmites. Les couches observées dans le deuxième compartiment se prolongent; cependant, arrivé à 6 mètres, les nos 1 et 3 manquent complétement, et le n° 4 ne se trouve que dans des coins qui sont comme les carrefours de la galerie principale; ainsi les nos 2 et 5 viennent en contact; ce dernier, fortement coloré par le n° 2, contient des débris de grands oiseaux mêlés aux os des poissons. J'ai également trouvé à la même profondeur des fragments de carapace de Tortue, des os de batraciens, des fragments d'un bras d'un

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