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tagnes qui le constituent, soient restées jusqu'ici sans résultat (1); car il paraît impossible d'admettre que les hauteurs du centre de la France aient échappé à l'invasion des glaciers, alors que ceux-ci descendaient des cimes des Alpes jusqu'à Lyon et qu'il est établi par des preuves irrécusables que les deux hémisphères ont souffert d'un refroidissement général après la période tertiaire.

On a attribué l'absence de restes glaciaires sur le plateau central, sur les versants et dans les plaines qui l'entourent, à la facilité avec laquelle se désagrégent, dans cette région, les roches massives d'origine cristalline.

En effet, en bornant nos investigations au massif du Morvan, qui occupe la partie nord de ce plateau, nous avons toujours vu les porphyres du centre fendillés et profondément altérés, les granites gris qu'ils surmontent, le plus souvent à l'état arénacé, et, quand ceux-ci ont conservé leur dureté primitive, nous avons pu remarquer que la roche s'égrène et perd ses angles ou son poli sous l'influence des agents naturels (2).

Le granite rose de la base, un peu plus résistant, ne conserve guère mieux ses surfaces intactes.

(1) Ce travail était à peu près terminé quand nous avons eu connaissance de la communication de M. Delanoüe relative à la découverte qu'il vient de faire de moraines glaciaires en Auvergne (Bull. de la Société géologique, 2 série, t. XXV, p. 402. 1868.)

(2) Les roches granitiques à angles émoussés qu'on rencontre fréquemment au centre et le long des pentes du Morvan, soit sur les plateaux, soit dans les dépressions, pourraient passer pour des restes de moraines; mais rien ne prouve que leur amas ne soit pas le résultat d'une désagrégation sur place de masses granitiques passant à l'état arénacé et laissant seulement à la surface les blocs plus résistants, car il est encore lacile de voir cet effet se produire de nos jours dans certaines parties ravinées où le granite dur et brun gît au milieu d'arènes devenues jaunâtres par déc mposition. Chaque bloc est enveloppé, surtout aux angles, d'une croûte grisâtre moins altérée que l'arène, et quand ces blocs sont exposés à l'air cette croûte se détache et ils prennent alors une forme arrondie.

Il existe au musée de Semur des haches en coins de l'âge de la pierre polie, trouvées à Cernois, à l'entour d'anciens foyers, qui fournissent une nouvelle preuve de l'altération superficielle du granite le plus dur. Elles proviennent d'un granite brun à grains très-fins que nous avons trouvé en place dans les environs de Saulieu. Elles ont été évidemment polies et pourtant elles sont devenues rugueuses à la surface, sans avoir perdu leur dureté intérieure.

Cependant, malgré ces conditions défavorables et malgré la faible altitude relative des points culminants du Morvan, altitude qui ne dépasse guère actuellement 900 mètres, les vestiges glaciaires ne sont pas introuvables. Nous avons été assez heureux pour en rencontrer un bien conservé, et nous venons le signaler à l'attention de la Société géologique.

A l'extrémité occidentale de la vallée d'Époisses, arrondissement de Semur-en-Auxois (Côte-d'Or), près du point où le cours du Serein sépare cette vallée de la Terre-Plaine, arrondissement d'Avallon (Yonne), il existe en contre-bas et au nord-est du Morvan une traînée de blocs granitiques.

Ces blocs sont disposés sur une ligne dirigée environ S. S. E., N. N. O., à environ 2 kilomètres 1/2 du Serein, à un kilomètre à peu près de la route de Semur à Avallon, au N. O. d'un four áchaux, placé sur le bord de cette route, entre Époisses et Toutry, presque sur le tracé du chemin de fer projeté entre les deux villes précitées. Ils sont situés à l'altitude d'environ 250 mètres. Ils n'appartiennent pas au granite rose, qui forme les escarpements par où passe le Serein et qui constitue la base du Morvan, mais au granite gris des plateaux supérieurs, et ils reposent sur le calcaire à Gryphées arquées, sans intercalation des alluvions argilo-ferrugineuses, avec grains de fer et petits fragments de granite roulés et anguleux, qui recouvrent presque toutes les autres parties de la plaine.

Ils sont connus dans le pays sous le nom de Perrons aux Souffreux et occupent la contrée appelée les Petits Alleux. On les trouve alignés sur le bord oriental d'une petite dépression, dirigée parallèlement à la traînée erratique et aboutissant presque à angle droit à un ruisseau qui coule de l'ancien étang d'Époisses au Serein, à peu près de l'est à l'ouest.

La traînée se compose de six blocs :

Quatre au midi juxtaposés (A, B, C, D), de granite grisâtre, deux gros et deux moyens.

Un autre (E) à 640 des précédents, provenant également des sommets du Morvan, mais qui ne sont pas du même gisement que les autres. C'est un granite violacé, de structure porphyroïde.

Et un dernier bloc (F), de même nature que les quatre premiers, à 19 mètres du bloc E.

[blocks in formation]

Tous ces blocs ont perdu leurs angles et présentent des surfaces arrondies, plus ou moins rugueuses suivant la dureté de la roche. La surface du bloc E, composé de granite porphyroïde moins résistant, s'égrène même sous le moindre choc.

Cependant, par exception, le bloc B a sa partie inférieure presque plane et polie, au point de donner, au toucher, la sensation qu'on éprouve en passant la main sur une surface savonnée. La conservation du poli s'explique, croyons-nous, par ce fait que, le bloc B étant enfoncé obliquement dans le sol, une partie de sa face inférieure ne touche pas la terre et se trouve en même temps protégée contre les agents atmosphériques qui n'ont pu attaquer que la surface supérieure.

La description que nous venons de donner a été faite d'après les notes que nous avions prises sur place en juillet 1867; mais depuis ces blocs ont été en partie brisés. Ils se trouvaient sur la limite de deux propriétés, et l'un des propriétaires, afin d'aligner convenablement son héritage, a détruit les blocs C, D, ébréché une partie du bloc E et fait disparaître le bloc F. Les débris assez volumineux ont été transportés un peu plus bas, à la jonction de la dépression avec le ruisseau, pour construire

un mur.

Heureusement les blocs A et B sont encore intacts, et nous avons pu, au mois de septembre dernier, montrer à M. Belgrand ce qui restait de la traînée erratique et en même temps lui faire remarquer la surface restée polie du bloc B.

Il est probable que ces blocs étaient autrefois plus nombreux, car au mois de juillet 1867, avant la destruction dont nous venons de parler, nous avons observé, à l'entour des roches erratiques, des fragments granitiques à angles non encore émoussés, provenant sans doute d'autres blocs enlevés antérieurement. On nous a même assuré qu'il y a 20 à 30 ans une autre pierre granitique de grande dimension, située à environ 25 mèires au nord-est du bloc F, avait été brisée, comme formant obstacle à la culture.

Le sol de la plaine d'Époisses est très-fertile et bien cultivé; et, s'il reste encore quelques débris de blocs quaternaires, comme les Perrons aux Souffreux, c'est qu'ils reposent sur un sol dénudé jusqu'au vif et privé d'alluvions. Cependant, les Perrons aux Souffreux, eux-mêmes, sont destinés à disparaitre entièrement comme d'autres blocs reposant également sur le calcaire à Gryphées arquées, qui ont été enlevés, notamment en un lieu appelé les Pierres-Longues, en amont du village de Toutry, où le dernier bloc restant a été détruit récemment.

La disposition des roches erratiques de la plaine d'Époisses est, sauf l'alignement, irrégulière, c'est-à-dire que leurs gros bouts ont des orientations différentes. Elles semblent, cependant, toutes pencher vers l'ouest, du côté de la dépression parallèle à la traînée.

Leur alignement sur le bord de cette dépression, l'érosion jusqu'au vif du calcaire à Gryphées arquées, sur lequel elles reposent, la forme des blocs et la polissure conservée de l'un d'eux, l'opinion présumable qu'elles ont été autrefois plus nombreuses, peuvent faire considérer ces roches comme les restes d'une moraine; on pourrait également les considérer comme transportées par les glaces flottantes et échouées sur la place qu'elles occupent par un effet d'obstruction résultant d'un resserrement de la plaine en aval, car le Serein, au delà de Toutry, s'échappe par une coupure dans le massif des montagues jurassiques qui forment l'enceinte septentrionale de la grande vallée séparative entre ces montagnes et le Morvan.

Mais dans cette dernière hypothèse, celle du flottage parles glaces, il faut toujours admettre que les Perrons aux Souffreux ont fait partie d'un glacier avant leur transport, car le polissage du bloc B ne peut s'expliquer autrement.

En effet, la surface polie est plane et ne peut être le produit d'un frottement des roches entre elles au sein d'un courant rapide ayant toujours pour effet de donner des formes arrondies. D'ailleurs, le frottement torrentiel, étant le résultat de percussions répétées, ne polit pas les roches de la même façon que le frottement glaciaire continu dans le même sens, comme c'est le cas de la face inférieure du bloc B, donnant au toucher la sensation d'une surface savonnée sur une longueur de 2,90 et une largeur de 1,10, ayant même gardé celui de ses bords qui est dégagé du sol, et le seul visible, parfaitement anguleux. Une autre preuve de l'action glaciaire, c'est que sur le passage Soc. géol., 2° série, tome XXVI.

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principal des eaux, pendant l'époque quaternaire, en se rapprochant de la déclivité où coule le Serein, au-dessus du village de Toutry, on trouve un dépôt de cailloux roulés granitiques et quartzeux, de dimensions diverses et d'origine morvandelle, comme les Perrons aux Souffreux, qui recouvre le sol à 25 ou 30 mètres environ au-dessus du cours actuel de la rivière et qui se prolonge au delà de Guillon, sur la colline de Varennes, a l'aval de l'Isle-sur-Serein, et même jusqu'à Grimault (1), ainsi que l'a indiqué M. Belgrand (2).

Parmi ces roches à angles émoussés, on rencontre à Toutry quelques blocs d'un huitième de mètre cube environ, qui présentent des dépressions en rigoles, évidemment produites par un frottement dont ils gardent l'empreinte. Ces rigoles ne peuvent s'expliquer par le frottement torrentiel.

Nous signalerons encore un autre fait qui ne peut guère avoir pour cause que l'action glaciaire, c'est que, dans la plaine, orsque l'on enlève, pour l'exploitation des carrières à Gryphées arquées, l'alluvion argilo-ferrugineuse qui les recouvre, i n'est pas très-rare de voir la surface du calcaire usée et comme frottée (environs de Semur et de Cernois).

Cherchons s'il n'existe pas encore à l'entour du Morvan d'autres vestiges dont l'origine glaciaire est peut-être moins certaine, mais qui mériteraient pourtant un examen sérieux. Tels sont :

1o Les blocs énormes, anguleux, situés au milieu des sables et graviers de Pont-Aubert, près d'Avallon, considérés, par M. Prestwich, comme charriés par les glaces flottantes qui descendaient du Morvan avec les courants quaternaires (3).

2o Les sablières d'Orbigny, qui, d'après M. Cotteau (4), « sur une altitude de 7 mètres présentent, à 50 mètres au-dessus du

(1) Il est à remarquer que sur la colline de Varennes on trouve avec les autres galets des galets formés des débris du calcaire à Gryphées arquées siliciué, provenant des bords du Serein supérieur ou des sommets du Morvan. (2) Bull. de la Société géol., 2o série, t. XXI, p. 168.

(3) Rapport sur une excursion en compagnie de géologues anglais, dans les terrains tertiaires et quaternaires de l'Yonne et de la Côte-d'Or, par M. Cotteau (Bull. de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1er semestre 1866).

Ces blocs avaient deja été décrits par M. Virlet d'Aoust (Bull. de la Sociéte géol. 2° série, t. II, 1845, p. 683).

(4) Loco citato.

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