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ce sable gris qui contient les restes si abondants des poissons; on voit qu'ils sont restés là pendant fort longtemps avant la formation des couches supérieures, car ils sont couverts de concrétions stalagmitiques; mais, ce qui est plus significatif, c'est le monceau de coprolithes déposés dans le même sable qui leur est quelquefois adhérent; ils ont été évidemment déposés au lieu où nous les avons trouvés par l'animal même et non par les courants. Quant aux Renards, nous avons déjà fait voir qu'ils étaient en possession de ce lieu au moment même où nous faisions les fouilles. Mais il me semble, Monsieur, vous entendre m'adresser une autre question beaucoup plus intéressante que celle que je viens de résoudre Et l'homme n'y a-t-il pas habité? Lorsque vous me fites l'honneur d'une visite, conduisant avec vous le professeur de géologie de l'université d'Oxford, M. Phillips, cet illustre savant nous dit qu'il pensait que l'homme avait habité cette caverne, mais peu de temps. Le résultat de mes recherches, depuis cette époque, tend à confirmer cette opinion, car j'ai trouvé des traces de son travail, ce qui indique qu'il y a vécu; mais ces traces ne sont pas abondantes, ce qui prouve qu'il n'y est pas demeuré longtemps. Aux silex que vous avez vus en avril dernier sont venus s'en ajouter d'autres bien mieux caractérisés; aux outils s'est joint le travail qu'ils ont servi à accomplir: c'est un fragment de crâne de Cerf, dont les deux bois ont été taillés au-dessus de la meule avec un instrument tranchant. Du reste, plusieurs raisons portent à croire que la partie du devant, celle qui était la plus commode et la plus convenable pour être habitée, a dû s'écrouler, de sorte qu'il ne nous reste que l'arrière-habitation. Cependant, je crois pouvoir ajouter aux preuves précédentes un fait qui me paraît très-significatif et qui est d'un grand intérêt, parce qu'il se rattache à l'histoire de nos animaux domestiques, ou au moins des animaux contemporains. J'ai déjà mentionné l'abondance des bois de Cerf trouvés dans la caverne; il est inutile de faire remarquer combien il est peu probable que ces animaux aient été se réfugier dans cet antre; d'ailleurs, s'ils y étaient morts, on devrait y trouver les autres parties du squelette; si leurs débris avaient été portés là par les animaux carnassiers, la conséquence serait la même. Il n'est pas non plus vraisemblable que les eaux aient pu les y charrier, car ils y ont été transportés lorsque déjà elles avaient considérablement baissé; ils ne se mêlent jamais au sable n° 5 qui forme le dépôt le plus ancien, celui

fait proprement lorsque les eaux arrivaient à cette hauteur. Il n'y a donc que l'homme qui ait pu les y transporter; cette induction est puissamment fortifiée par les remarques suivantes : 1° Ces bois ne sont pas tombés d'eux-mêmes par suite de leur maturité, car tous portent une partie de l'os du crâne; 9 dans les autres dépôts on trouve pour le moins autant de bois entiers ou ayant une certaine longueur que de bois brisés, et lorsqu'ils sont brisés, c'est tantôt la partie supérieure, tantôt l'inférieure qu'on trouve. Ici, c'est bien différent, tous les bois sont brisés, et tous de la même manière, un peu au-dessus de la meule, et on ne trouve jamais la partie supérieure, ni même la moyenne. Au lieu d'être dispersés comme cela arrive toutes les fois que le transport se fait par une force aveugle, ils étaient réunis au nombre de vingt-sept en un monceau, dans un coin. Il me semble impossible de ne pas conclure de toutes ces circonstances qu'une main intelligente a présidé à leur réunion, qu'elle en a pris ce qui pouvait lui être utile, et a ensuite abandonné le reste; en d'autres termes, il me paraît évident que l'homme réfugié dans cet antre s'est servi de la partie supérieure de ces bois pour en faire des armes ou d'autres outils.

Un mot maintenant sur ces Cerfs. Ils appartiennent à deux ou trois espèces; elles se distinguent toutes de ce qui a été trouvé dans la campagne romaine, par un seul andouiller basilaire. Comme leurs bois sont très-incomplets, leur étude présente de grandes difficultés; aussi me bornerai-je à l'examen d'une seule espèce, celle qui a fourni quinze bois qui conservaient des fragments du crâne assez grands pour en déterminer la forme. J'ai comparé cette espèce avec les bois du Daim (Cervus dama); je me suis aidé des gravures de Cuvier, et je n'ai remarqué aucune différence spécifique; il en existe au contraire deux bien sensibles entre notre espèce et le Daim fossile (Cervus dama giganteus); notre espèce est beaucoup plus petite, et son bois, au lieu de reposer directement sur le frontal, a un pédicule de 001. Je crois donc pouvoir affirmer que l'espèce de Cerf la plus abondante dans la caverne du Monte delle Gioie est identique avec le Cervus dama actuellement vivant. Cette question est fort intéressante, car elle tend à prouver que les Daims, si rares aujourd'hui à l'état de liberté complète, ont été très-abondants dans l'Italie centrale; je ne pense pas cependant qu'ils y soient venus en même temps que le Renne et le Cervus elaphus; plusieurs autres espèces non encore décrites, que j'ai trouvées dans les cailloux roulés de la

campagne romaine, ont dû également le précéder dans le pays; il a été ici le compagnon de l'homme, qui s'est nourri de sa chair et a employé le reste de ses dépouilles pour se faire des armes. Il semble même que ces deux êtres, l'homme et le Daim, aient fait leur apparition dans l'Italie centrale vers la même époque. Ce fait conduit naturellement à se demander si l'homme ne l'a pas amené avec lui, ou s'il n'est pas un des premiers qu'il s'est assujettis. On sait, du reste, que le Daim s'apprivoise plus facilement que le Cerf, qu'il ne s'éloigne jamais à de grandes distances, même quand il est poursuivi par les chasseurs.

Quant à ce qui est de savoir laquelle des deux races d'hommes, la dolicocéphale ou la brachycéphale, a habité cette caverne, je ne vois pas qu'il y ait le moindre fondement à se prononcer pour l'une plutôt que pour l'autre, car plusieurs découvertes récentes faites en Belgique prouvent que l'on trouve ces deux variétés de l'espèce humaine ensevelies dans des cimetières communs, et que, par conséquent, elles ont vécu ensemble; et les découvertes encore plus récentes de M. Michel de Rossi confirment le même fait. Il me semble aussi un peu difficile de se prononcer sur l'époque où la caverne a été habitée; car, si les instruments que j'ai trouvés appartiennent à l'époque archéolithique, on pourrait peut-être objecter que ce ne sont pas de vrais instruments, mais des pièces de rebut, de simples éclats de l'époque néolithique. Je pourrais bien répondre qu'il en est qui sont incontestablement des instruments, et des instruments de l'époque archéolithique; mais j'aime mieux laisser cette question indécise, car il me paraît que les principes sur lesquels on établit la distinction tant des deux époques que des deux races sont loin d'être à l'abri de toute critique.

M. Daubrée présente la note suivante de M. Mussy:

Roches ophitiques du département de l'Ariége; par M. Mussy.

Je désignerai sous le nom générique d'ophites toutes les roches granitoïdes, à silicates plus ou moins magnésiens, qui forment des amas irréguliers, toujours peu étendus au milieu des formations sédimentaires appartenant à presque tous les étages géologiques, depuis l'âge le plus reculé jusqu'aux assises nummulitiques.

Ces roches présentent les aspects les plus variés; souvent formées d'éléments éminemment cristallins, elles ont une apparence granitoide, une couleur verdâtre foncée, sont dures et résistantes au marteau et constituées de minéraux basiques, riches en magnésie, tels que le péridot et le pyroxène; elles sont alors connues sous le nom de lherzolite, du nom de l'étang de Lhers, où pour la première fois elles ont été étudiées; d'autres fois elles sont de véritables diorites verdâtres, également cristallines, dont les parties constitutives sont un feldspath du sixième système plus ou moins grenu et compacte et l'amphibole plus ou moins cristalline en lamelles et aiguilles. Fréquemment altérées à la surface et jusqu'à une certaine profondeur, elles passent insensiblement par tous les degrés de décomposition jusqu'à des terres ocreuses, argileuses ou magnésiennes, où toutes traces de cristallisation ont disparu; elles se distinguent alors à peine des marnes plus ou moins argileuses encaissantes avec lesquelles elles paraissent stratifiées en parfaite concordance; le plus souvent cette stratification est des plus confuses, complétement indistincte, et la roche transformée en arènes ocreuses et terreuses paraît traversée de fissures irrégulières qui s'entre-croisent en tous sens.

Généralement basique, l'ophite sur certains points assez rares passe lentement à des roches plus acides et même parfois à de véritables quartzites spongieux.

Le plus souvent compacte, plus ou moins fissurée, la roche a un aspect uniforme, sans rien de saillant ; d'autres fois elle prend une apparence globuleuse et fragmentaire et paraît constituée de deux éléments différents, qui ne sont autres que de l'ophite à deux degrés de décomposition.

Les opinions les plus diverses ont été successivement adoptées sur la constitution et le mode de formation des ophites. Ainsi, les lherzolites, qui composent une fraction notable des roches ophitiques de l'Ariége, d'abord considérées par M. Lelièvre comme une variété de péridot, ont été classées par M. Charpentier parmi les pyroxènes purs; ce dernier attribuait à deux états différents d'agrégation de ce minéral le manque évident d'homogénéité de la roche qui, au premier aspect, parait constituée de deux éléments distincts.

On sait maintenant, d'après l'examen que M. Damour a fait de cette roche, que la lherzolite est composée de péridot, auquel se joignent l'enstatite, le pyroxène, et quelquefois le spinelle

(picotite) (1). Les beaux travaux de M. Daubrée sur les météorites ont fait reconnaître tout l'intérêt que présente cette roche à raison de l'analogie remarquable qu'elle présente avec les météorites; car il a pu reproduire artificiellement ces dernières en soumettant la lherzolite à certaines actions réductrices (2). Quant au mode de formation de ces roches, je n'émettrai aucune hypothèse pour le moment. Suivant les uns, les ophites sont le produit des couches argileuses et schisteuses, transformées en un état granitoïde spécial par le concours ordinaire des phénomènes de métamorphisme; suivant d'autres, les ophites ont une origine purement ignée; peut-être à cet égard serait-il prudent de faire une distinction entre les lherzolites et les diorites ordinaires, toujours plus ou moins altérées et terreuses. Je renvoie à plus tard l'étude de ces questions complexes, me contentant pour le moment de décrire les faits tels que je les ai observés dans les nombreuses courses que j'ai faites pour l'exécution de la carte géologique du département.

Dans cette étude, je suivrai la classification des terrains adoptée dans mon esquisse géologique de l'Ariége.

I. GRANITE.

Le granite de l'Ariége présente trois variétés principales; la première, de beaucoup la plus commune, est à grains moyens ou à petits grains renfermant une assez grande quantité de feldspath du sixième système mélangé à l'orthose, accompagné de mica noir, brun ou verdâtre; cette variété forme le centre et la majeure partie des massifs granitiques du plateau central ancien.

La seconde variété de granite présente, dans une pâte ordinaire de granite commun de l'espèce précédente, de grands cristaux d'orthose, qui donnent à la roche un aspect porphyroïde; cette variété se rencontre fréquemment dans le massif primitif de la crête frontière et particulièrement dans le plateau de Quérigut, les montagnes d'Ax, Gudanes et Bassiés.

Au voisinage des gneiss et micaschistes les roches primitives présentent une troisième variété de granite, qui passe à la pegmatite et à la leptynite; la masse est formée de larges cristaux d'orthose gris blanc, gris bleu ou rose, associés à de larges feuillets de mica diversement coloré, blanc, vert, noir ou

(1) Bull. de la Soc. geol. de France, 2° série, t. XIX, p. 413. (2) Ibib., 2o série, t. XXIII, p. 291.

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