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attachait à ses services futurs, en récompensant ses services passés par le grade d'inspecteur général de première classe, en remplacement de Dufrénoy, qui venait, lui aussi, de nous être enlevé par une mort inattendue. Thirria vint, en effet, reprendre sa place au Conseil des mines, au mois de novembre 1857, et bientôt après il fut nommé membre du comité consultatif d'hygiène publique de la France, pour y représenter particulièrement l'administration des mines dans les questions relatives au captage et à l'aménagement des eaux minérales. Il put ainsi donner huit années encore au service de son pays avant d'atteindre la date du 25 février 1866, où, ayant accompli ses soixante-dix ans, limite d'âge fixée pour l'activité, il fut mis en retraite, après quarante-huit ans de services.

Thirria avait été promu au grade de commandeur de la Légion d'honneur le 16 août 1863, après avoir été nommé officier du même ordre le 27 avril 1845, et chevalier au mois de janvier 1834.

Il avait été élu, en 1856, membre du conseil général du département de la Haute-Saône, par le canton de Rioz; et, en 1858, membre du conseil municipal de la ville de Vesoul, bien qu'il n'y pût siéger qu'à de longs intervalles. C'était le témoignage spontané de la grande considération dont notre confrère jouissait dans le pays et qui s'adressait tout à la fois à l'homme privé et à l'ingénieur; c'était le témoignage de la reconnaissance publique pour les services qu'il aimait à rendre à la cité comme au plus humble des habitants du département.

Pendant ce temps-là, son plus jeune fils, devenu son unique enfant, avait achevé son éducation, et il venait d'entrer au Conseil d'État comme auditeur, à la suite d'un brillant concours. Ce côté de l'avenir était donc bien tranquillisant. Thirria d'ailleurs, était d'une solide constitution, et il pouvait se promettre encore de bonnes années pour jouir de la vie de famille, tout en s'occupant de différents travaux à terminer et notamment de sa carte géologique, dont il aurait souhaité de faire une nouvelle publication à grande échelle. Mais la destinée en avait autrement ordonné.

Mme Thirria dont la santé, toujours délicate, avait été violemment ébranlée par la mort de son fils aîné, était allée passer les vacances de 1867 chez une amie, à Villefranche-surSaône; et là, atteinte d'une fièvre muqueuse, elle succomba au bout de deux mois de maladie, le 7 janvier 1868. Son mari, accouru près d'elle, la soigna pendant tout ce temps avec le

dévouement le plus exemplaire, mais ce fut en vain, et il ne put ramener à Vesoul qu'un cercueil.

A peine la cérémonie mortuaire y était-elle accomplie, qu'il revint à Paris; mais la secousse physique et morale qu'il venait de recevoir avait corrompu en lui les sources de la vie : un érysipèle se déclara, qui prit immédiatement le caractère le plus grave, et, au bout de dix jours seulement, le 24 janvier, deux semaines après sa femme, Thirria succombait.

Ces deux coups furent si précipités que bon nombre de leurs amis n'en furent informés qu'à la fois et purent croire à quelque confusion ne voulant pas accepter l'idée si fatale d'un malheur double. Et cependant, ce n'était que trop vrai la même tombe, en quelque sorte, avait reçu M. et Mme Thirria.

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Peut-être peut-on penser que c'est là, pour les époux, la solution la plus souhaitable du lien du mariage, après trentecinq ans passés dans l'habitude d'une vie commune; mais quelle cruelle solitude pour le jeune fils survivant! quelle complète douleur pour les amis!

Thirria en avait beaucoup, et il me semble, à moi qui l'ai si bien connu, qu'il ne pouvait avoir que des amis. Pourtant son abord était froid; mais c'était l'expression d'une certaine timidité. Son parler bref a pu être pris pour de la brusquerie; mais cette brièveté de parole est la forme de la franchise picarde qu'il avait sucée avec le lait. Et, quand on avait percé la première couche, on ne trouvait en lui qu'un caractère doux, facile, toujours enclin à atténuer les frottements entre les personnes qui avaient droit à son affection. On trouvait un camarade sûr et désintéressé, et qu'un sentiment ombrageux de délicatesse mettait à l'abri de toute préoccupation personnelle. Simple d'ailleurs dans sa vie et dans ses manières, exempt de toute prétention : c'était, en peu de mots, avec un cœur bienveillant, une âme honnête et sincère.

Tel aussi il était connu dans le département de la HauteSaône; et l'on en put juger par la manifestation de regrets dont il fut l'objet aux funérailles solennelles qui lui furent faites à Vesoul, le 29 janvier. Le département, la ville, le canton dont il était l'élu, vinrent successivement, par leurs organes les plus élevés, au milieu d'un grand concours de population, rendre hommage à l'homme de bien, au conseiller général dévoué aux intérêts de ses commettants, à l'ingénieur-citoyen qui avait particulièrement mis sa science au service du département dont il avait fait son pays d'adoption.

Et je puis ajouter, sans hyperbole, qu'à cela fut employé le dernier acte de sa main; puisqu'au moment précis où il sentit la première atteinte du mal qui l'a si rapidement emporté, il corrigeait les épreuves d'un ouvrage, occupation des deux dernières années de sa vie (et qui va paraître incessamment), portant le modeste titre de Manuel à l'usage de l'habitant du département de la Haute-Saône. Dans ce petit livre qui, d'après ce que j'en ai pu apprendre, présente en abrégé l'ensemble des faits naturels et sociaux dont se compose l'histoire de ce département, la description géologique du sol, théâtre de ces faits, tient encore naturellement une assez grande place. Et elle aura d'ailleurs, désormais, son commentaire parlant aux yeux dans les collections recueillies par l'historien lui-même, et qui, suivant son vou, offertes à la ville par son fils, seront déposées à la Bibliothèque publique.

Telle fut donc la vie de Thirria, vie pleine d'unité, et où fut présente, jusqu'au dernier moment, la pensée d'être utile par la science; par la science, dont le culte a été l'objet de la fondation de la Société géologique. Il avait donc un droit particulier à une place dans notre Nécrologe; et, si la Société n'a pas pu joindre sa voix à celles de ses compatriotes aux funérailles de Vesoul, elle les complète aujourd'hui en parlant la dernière sur la tombe du confrère si digne de son estime et de ses regrets, et à qui l'on peut justement appliquer ce mot final:

Vir bonus et observandi peritus.

LISTE BIBLIOGRAPHIQUE DES PUBLICATIONS DE CHARLES-ÉDOUARD THIRRIA, SE RAPPORTANT A LA GÉOLOGIE ET A LA MINERALOGIE.

1820.

· Annales des mines, 1re série, t. V. Mémoire sur la mine de fer de la Voulte (Ardèche), par MM. Thirria et Lamé.

1821.

Annales des mines, t. VI. Sur une carrière de marbre récem

ment découverte dans le département des Ardennes.

1825.

Annales des mines, t. XI. Notice géologique sur les environs de Saulnot (Haute-Saône).

1829.

-

Annales des mines, 2. série, t. V. Notice sur les grottes d'Échenoz et de Fouvent, sises dans le département de la Haute-Saône et sur les ossements fossiles qu'elles renferment.

1830.

- Mémoires de la Société du Muséum d'histoire naturelle de Strasbourg, t. I, 1re livraison. Notice sur le terrain jurassique du département de la Haute-Saône, et sur quelques-unes des grottes qu'il renferme ; 1 planche.

avec

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1832.- Mémoire de la Société du Muséum d'histoire naturelle de Strasbourg, t. I, 2o livraison. Carte géologique du d'partement de la HauteSaône, dressée, pour le tracé géométrique, sur celle de l'Atlas national, revue et corrigée; plus 7 profils.

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(Avec une coupe générale du terrain jurassique et du terrain liasique de la Haute-Saône, indiquant la nature et l'épaisseur approximative des différentes assises qui composent ces terrains, ainsi que l'ensemble des fossiles organiques qu'ils renferment, etc.).

1833. (A Besançon, chez Outhenin-Chalandre fils; un vol. in-8°, avec une carte géologique et 7 profils.) Statistique minéralogique et géologique du département de la Haute-Saône.

1835.

Bulletin de la Société géologique de France, 1re série, t. VI, p. 32. (Réunion extraordinaire à Strasbourg.) Notice sur des gîtes de minerai de fer pisiforme (Bohnerz) du département du Doubs, recouverts par un dépôt lacustre appartenant aux terrains tertiaires.

1836.

Annales des mines, 3o série, t. X. Mémoire sur le terrain juracrétacé de la Franche-Comté.

1838.

Annales des mines, t. XIV, p. 259-270. Résultats principaux des expériences faites dans le laboratoire de chimie de Vesoul pendant l'année 1837 (travaux de M. Thirria).

1839.

Annales des mines, t. XV. Notice géologique sur les gites de minerai de fer du terrain néocomien de la Haute-Marne.

1839.

--

Annales des mines, t. XVI, p. 453-463. Résultats principaux des expériences faites en 1838 dans le laboratoire de chimie de Vesoul (expériences de M. Thirria).

1840.

Annales des mines, t. XVIII, p. 183-207. Résultats principaux des expériences faites dans le laboratoire de chimie de Vesoul pendant l'année 1839 (expériences de M. Thirria).

1851.

Annales des mines, 4e série, t. XIX. Mémoire sur les similitudes qui existent entre les minerais de fer en grains de la Franche-Comté et du Berri, et sur les particularités qui peuvent conduire à expliquer le mode de formation des gîtes de ces minerais.

Notice nécrologique sur M. Hærnes.

Dans la séance du 9 novembre 1868, M. Hébert fit part à la Société de la mort de M. Hornes, directeur du cabinet impérial de minéralogie de Vienne, et donna lecture d'une lettre que M. Boué lui avait adressée sur ce sujet.

Bien que M. Hærnes ne fût pas membre de la Société géologique de France, l'assemblée décida, séance tenante, que l'extrait de la lettre de M. Boué serait inséré parmi les notices nécrologiques, à titre d'hommage à la mémoire d'un savant aussi distingué.

Le docteur Maurice Hæernes était né à Vienne, le 14 juillet 1815. Après avoir été, sous feu Partsch, adjoint à la direction du cabinet impérial minéralogique, il succéda à Partsch, dont il avait épousé une nièce. Sous Partsch, ce beau musée avait pris une nouvelle face, mais le plus grand mérite du nouvel arrangement n'était pas tant d'avoir bien exposé aux yeux les richesses qu'il renfermait, que d'avoir utilisé les mariaux et l'exiguïté des locaux, de la manière la plus utile à l'étude.

Le docteur Hornes continua les améliorations dans la même voie et compléta plusieurs parties du cabinet, notamment la collection des Aérolithes; puis il agrandit surtout le domaine de la paléontologie. Enfin, il classa la bibliothèque dans un ordre parfait, et y ajouta une collection de mémoires tirés à part, qui est presque unique. Étant, en même temps, minéralogiste, géologue et paléontologiste, il put également contribuer à l'avancement de ces diverses sciences. Ses œuvres consistent surtout :

1o Dans la belle description des Mollusques fossiles des terrains tertiaires de Vienne, dont il a paru deux volumes in-4° avec plus d'une centaine de planches (1851-68). Il ne lui restait plus qu'à traiter des Huîtres, famille qui exerçait, ces derniers temps, sa patience autant que sa perspicacité;

2o Un bon nombre de mémoires consacrés en grande partie au terrain tertiaire. J'en compte vingt-quatre pour l'Autriche inférieure seule, un pour l'Autriche supérieure, un pour la Hongrie, un pour la Transylvanie, deux pour la Moravie, etc.;

3o Des mémoires sur les Gastéropodes et les acéphales des couches de Hallstadt (Mém. de l'Acad. de Vienne, 1835 Vg, p. 3356, 2 pl.); sur les Gastéropodes des Alpes orientales (dito, 1855 Vic, p, 2, pl. 173-178, 3 pl.); sur ceux du trias des Alpes (dito, 1856 Viz, pl. II, p. 24-34, 3 pl.);

4° Un nouveau catalogue de la collection des Aérolithes du cabinet impérial;

5° Un nouveau catalogue très-bien fait de la bibliothèque assez complète de cet institut. Elle représente, à Vienne, pour la Minéralogie, la Géologie et la Paléontologie, ce que votre belle bibliothèque du Muséum d'Histoire naturelle est pour cette dernière.

Grâce au caractère doux et traitable de Haidinger, Partsch, Hornes et de llauer, il est arrivé (chose malheureusement rare parmi les savants), qu'il a toujours régné une franche cordia

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