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tifiques les plus spéciales de toute sa vie, a pris sous sa plume un grand développement.

Le premier volume est consacré aux roches éruptives et aux terrains de transition.

Ainsi que le fait voir un coup d'œil jeté sur la carte géologique, les roches éruptives occupent, en Asie Mineure, une place tellement considérable, qu'il n'est pas d'autre pays peutêtre qui les présente dans une telle proportion par rapport aux terrains sédimentaires. Parmi ces roches, ce sont les trachytes, les dolérites et les porphyres pyroxéniques qui jouent le rôle dominant; la deuxième place, sous le rapport de l'extension, appartient aux syénites et aux granites; puis viennent les serpentines et enfin les diorites. Quant aux basaltes, ils ne jouent en Asie Mineure qu'un rôle comparativement subordonné.

Bien que disséminés sur toute la surface de l'Asie Mineure, les trachytes abondent particulièrement dans la partie occidentale de la péninsule, se prolongent sous la mer et se reproduisent dans l'archipel grec, sous forme d'îles trachytiques, parmi lesquelles celle de Santorin, si remarquable par les phénomènes dont elle a été le siége, semble rattacher la période volcanique actuelle à l'époque de l'ancienne activité des trachytes.

La distribution topographique des trachytes de l'Asie Mineure offre encore cela de remarquable, qu'ils sont fréquemment associés à des lacs salés, même ceux qui sont le plus éloignés du littoral. Cette circonstance apporte un argument de plus en faveur de la théorie de l'intervention de l'eau de la mer dans les phénomènes volcaniques, théorie déjà ancienne et qui, dans ces derniers temps, a été appuyée sur de nouveaux arguments.

Sous le rapport de leur âge, les trachytes proprement dits, aussi bien que les dolérites d'Asie Mineure, appartiennent à des époques très-différentes, et la durée de leur action a dû avoir été fort considérable; car elle se manifeste depuis le terrain crétacé inclusivement jusqu'au terrain tertiaire supérieur, et peut-être même jusqu'au terrain quaternaire.

En divers points, les relations entre les dolérites et les trachytes sont très-intimes.

Les basaltes, les porphyres pyroxéniques, les eurites et les porphyres quartzifères se trouvent également en connexion, d'après l'auteur, avec les trachytes.

La syénite abonde en Asie Mineure, et elle passe souvent au granite, et l'auteur admet que l'une et l'autre roches sont postérieures au terrain tertiaire inférieur.

Les serpentines, bien que n'occupant, dans cette péninsule, qu'un rang subordonné parmi les roches éruptives, présentent, entre autres particularités, un caractère qui les rapproche de celles de l'île de Chypre et de la Toscane: c'est d'être souvent associées à des gîtes métallifères, tantôt disséminés dans la roche, tantôt situés à proximité.

Terrains de transition.-Les couches les plus anciennes dans lesquelles on ait trouvé des fossiles appartiennent au terrain dévonien; sa faune n'est composée que de représentants des classes de crustacés, de mollusques et de coralliens.

Le terrain carbonifère est représenté par le calcaire de montagne et par des dépôts houillers.

Un système de roches dans lequel on n'a encore trouvé aucun débris organique et comprenant des phyllades et des micaschistes, est classé comme terrain de transition d'âge indéterminé.

Terrain jurassique.- Composé en grande partie de roches calcaires et marneuses, le terrain jurassique de la péninsule présente des couches qui doivent être rapportées à l'étage oxfordien, d'après quatre espèces d'ammonites qui y ont été rencontrées. La prédominance de cet étage dans les dépôts jurassiques du pourtour de la mer Noire, unie à l'absence, presque complète, des autres groupes oolithiques, ainsi que du lias, semble imprimer un caractère particulier aux dépôts jurassiques du continent asiatique.

Terrain crétacé. De même que le terrain jurassique, le terrain crétacé est très-imparfaitement représenté en Asie Mineure, où il est réduit aux groupes de la craie blanche et de la craie tuffeau.

Dans ce pays, comme dans le Caucase, les couches crétacées renferment fréquemment des détritus de roches éruptives.

Terrain tertiaire inférieur.-Le terrain tertiaire inférieur d'Asie Mineure se compose de dépôts, les uns fossilifères, les autres dénués de restes organiques. Parmi les roches qui constituent les couches fossilifères, dominent des calcaires souvent siliceux; en quelques points, cette roche prend une teinte noire et rappelle tout à fait le calcaire de transition. Les couches de cet étage sont tantôt horizontales, même à proximité des tra

chytes, tantôt fortement inclinées. La plupart des terrains tertiaires de cet étage sont marins, et ils appartiennent au type asiatico-méditerranéen dont M. d'Archiac a si bien apprécié les caractères et la portée, dans son travail classique sur le terrain tertiaire inférieur.

Ce qui caractérise particulièrement, en Asie Mineure, la faune de cet étage, c'est sa richesse en rhizopodes du genre Nummulite, dont on n'a pas trouvé moins de vingt-trois espèces, c'est-à-dire plus du tiers du nombre total des Nummulites connues. D'un autre côté, en examinant cette faune, on est frappé de la rareté des Bryozoaires, des Radiaires échinides. et des Annélides. Les dépôts tertiaires du même type paraissent se soutenir avec une grande constance sur un espace considérable embrassant le sud de la Russie, la Turquie d'Europe, la Perse, la Syrie, l'Égypte et la Grèce.

C'est pendant l'époque tertiaire inférieure que les agents éruptifs paraissent avoir acquis, en Asie Mineure, le plus d'intensité et d'étendue.

Terrain tertiaire moyen.-Ainsi qu'on le voit, au premier coup d'œil jeté sur la carte géologique d'Asie Mineure, le terrain miocène y est plus morcelé que tout autre dépôt sédimentaire. Les couches sont souvent redressées; elles consistent principalement en calcaire plus ou moins siliceux, amorphe ou cristallin, marnes, grès, conglomérat et gypse.

C'est pendant l'époque miocène que se sont probablement formés la plupart des dépôts de sel gemme si abondants en Asie Mineure, ainsi que des masses assez considérables de gypse. Ce terrain miocène est en général d'origine pélagique ; les dépôts lacustres y sont comparativement rares. C'est un caractère diamétralement opposé à celui qu'offre la péninsule ibérique, où les dépôts miocènes d'eau douce occupent près du quart de la surface totale du pays.

Terrain tertiaire supérieur. Les dépôts de l'Asie Mineure appartenant à l'étage supérieur du terrain tertiaire se divisent en deux grands groupes : l'un caractérisé par des fossiles marins ou saumâtres, l'autre par des fossiles lacustres.

Les couches à fossiles marins sont le plus souvent horizontales et présentent le caractère aralo-caspien, tel qu'on le connaît en Russie et en Autriche.

Celles qui renferment les fossiles lacustres sont incomparablement plus importantes en Asie Mineure que les couches

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marines. Elles forment souvent des nappes continues d'énormes dimensions, dont plusieurs points s'élèvent à une altitude de près de 2,000 mètres. Parmi ces nappes, la plus considérable est celle qui constitue le plateau de la Lycaonie; elle occupe une surface à peu près égale à celle des quatorze départements du sud-ouest de la France.

Les calcaires blancs compactes et quelquefois cristallins, renfermant beaucoup de silex, prédominent et sont le siége principal des restes organiques, tandis que des conglomérats et des sables habituellement non fossilifères paraissent indiquer des dépôts littoraux.

L'extrême rareté, en Asie Mineure, de substances bitumineuses, solides ou liquides, contraste avec le développement considérable que ces substances acquièrent dans les terrains tertiaires de plusieurs contrées limitrophes, notamment dans les principautés danubiennes, l'Albanie et l'ile de Zante.

Ce fut particulièrement pendant l'époque pliocène qu'eurent lieu les éruptions trachytiques dont les parties pulvérulentes donnèrent naissance à d'énormes dépôts de tufs caractérisés par des diatomacées et par des coquilles d'eau douce.

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Poste-tertiaire. Pendant l'époque quaternaire et peut-être même pendant l'époque moderne, l'Asie-Mineure a éprouvé de nombreux mouvements d'immersion et d'émersion dont quelques-uns contemporains de l'homme. La période moderne offre dans le pays un intérêt tout particulier, à cause de ses relations intimes avec les annales de l'histoire.

Carte géologique. - La carte géologique présente l'indication détaillée de tous les itinéraires de l'auteur.

M. Louis Lartet présente les deux notes suivantes de M. Dufour:

Note sur le pseudomorphisme des roches feldspathiques; par
M. E. Dufour.

Lorsqu'on habite une localité comme Nantes, où le granite affleure à chaque pas, et au voisinage de laquelle de nombreuses carrières sont ouvertes pour l'extraction de cette

roche, il est impossible de ne pas remarquer la disposition des joints qui la séparent suivant des surfaces planes d'une grande étendue, se coupant dans des directions déterminées, et facilitant singulièrement son exploitation.

Depuis longtemps, en examinant les escarpements des collines granitiques et les blocs extraits des carrières, j'avais été frappé de la constance des angles qu'ils présentent, et surtout de la fréquence de l'angle aigu de 55° environ, de l'angle obtus supplémentaire; enfin, d'angles dièdres droits disposés par quatre symétriquement.

Je rencontrai même, quelquefois d'abord, plus fréquemment ensuite, quand mon attention fut éveillée, l'angle obtus de 112° environ.

Cet angle étant celui du prisme rhomboïdal oblique du cinquième système qui est la forme primitive du feldspath orthose, et les angles précédents étant ceux du prisme oblique à base rectangle, forme dominante de ce minéral, une telle coïncidence fut pour moi un trait de lumière, et je ne doutai plus que je ne fusse en présence d'entassements d'énormes cristaux, produits par refroidissement après fusion dans les gigantesques laboratoires de la nature.

Il peut paraître étrange au premier abord, que ces masses cristallines aient conservé la forme du feldspath, malgré l'interposition du quartz et du mica, éléments essentiels, quoique variables, des roches granitiques.

Nous connaissons pourtant d'autres exemples qui prouvent que la force de cristallisation peut s'exercer encore à distance. Ainsi, le grès cristallisé de Fontainebleau conserve la forme du carbonate de chaux, malgré l'interposition de près de 60 p. 100 de silice; et la présence de 50 p. 100 d'argile n'a pas altéré la forme cristalline de la chaux fluatée de Buxton.

J'ai fait même de récentes observations qui complètent l'analogie du cas actuel avec ceux que je viens de rappeler. Ainsi, tandis que le granite, à cause peut-être de la grossièreté des élements minéraux interposés, a retenu la forme dominante des cristaux plus ou moins volumineux de feldspath dont il est l'agrégation; le gneiss leptynoïde et surtout les eurites, où le feldspath domine davantage et dont les parties sont d'une ténuité plus grande, ont pris la forme primitive du feldspath, qui serait celle de la molécule intégrante de ce minéral.

De même aussi, la chaux carbonatée siliceuse de Fontainebleau, en raison sans doute du milieu dans lequel elle a cris

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