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type européen tend à s'accentuer davantage, jusqu'à donner dans le miocène quelques identités ou quasi-identités d'espèces qui, à l'époque d'Hauterive, balancent même les espèces propres ou exotiques.

C'est tout ce que je voulais observer: et pour ne parler que de Meximieux, j'en conclus, pour la flore et la faune associées dans les mêmes calcaires, que si l'une est pliocène de l'âge du Val d'Arno, l'autre doit être pliocène aussi, et un peu plus jeune, par conséquent, que ne l'avaient pensé les géologues qui ont compris dans le miocène supérieur les dépôts d'eau douce d'Hauterive et les dépôts marins à Buccinum Michaudi qui dépendent, je crois, du même système, et dont la faune spéciale est encore à étudier.

Les marnes lacustres d'Hauterive me paraissent tout au plus aussi anciennes et probablement plus récentes que les dépôts d'eau douce de Cucuron (Vaucluse), qui surmontent cependant la mollasse marine de Cabrières d'Aigues (V. Dumortier, Bull., 2o série, t. XXI, p. 282), laquelle renferme, à ma connaissance, toute la faune des bivalves caractéristiques du miocène supérieur de Salles, près de Bordeaux, associée, surtout par les gastéropodes, à la faune de la Touraine et à celle de Tortone, en Italie, qui est la plus élevée des faunes du miocène supérieur. Je les crois donc pliocènes, malgré quelques affinités d'espèces avec les faluns de Touraine (Helix umbilicaris, Desh., H. Collongeoni, Mich., en particulier et quelques autres), comme les sables supérieurs de Montpellier, qui présentent, dans une faune bien moins riche, quelques types comparables à ceux d'Hauterive un grand Bulime sénestre, entre autres, Bul. sinistrorsus, Marcel de Serres, et intermédiaires entre l'étage tortonien de Cucuron et les argiles pléistocènes de la vallée supérieure de la Saône, de Bligny-sous-Beaune, en particulier, où les grands types exotiques semblent avoir complétement disparu.

Je me suis proposé d'ailleurs, en présentant à la Société ces observations qui m'ont été suggérées par la communication de M. de Saporta, non pas de résoudre incidemment les questions de classement que soulèvent encore les terrains tertiaires supérieurs, marins ou d'eau douce, de la vallée du Rhône, mais de provoquer au contraire les études locales et les observations directes qui doivent en amener la solution.

M. Gervais fait la communication suivante:

Restes fossiles du Glouton recueillis en France;
par M. Paul Gervais.

Le Glouton, animal aujourd'hui confiné dans les régions polaires, à vécu dans l'Europe centrale, à l'époque des grands mamifères quaternaires. Des débris en ont été signalés en Allemagne, particulièrement dans la caverne de Gailenreuth (1), et il en a été retrouvé depuis lors en Belgique (2) ainsi qu'en Angleterre (3). Cependant on n'en avait pas reconnu avec certitude en France. J'ai fait voir en effet (4) que les prétendus restes de Glouton signalés par Marcel de Serres dans les cavernes de l'Ardèche n'étaient que des ossements de blaireaux, et aucun gisement authentique n'en a été constaté depuis lors; mais j'ai aujourd'hui la preuve qu'il a aussi vécu des blaireaux en France. Lagrotte de Fouvent (Haute-Saône) en renferme des débris mêlés à ceux des grands ours et des hyènes. Pendant la visite que je viens de faire au musée de Dijon, pour y revoir les types des Glyptodons décrits par M. Nodot, j'ai remarqué parmi les fossiles de Fouvent, dont ce musée possède une fort belle suite, plusieurs pièces, en particulier une mâchoire supérieure ainsi qu'une mâchoire inférieure, qui ne peuvent être attribuées qu'au Glouton. Ces pièces sont remarquables par le degré peu avancé de leur fossilisation; elles diffèrent à peine, sous ce rapport, des ossements des animaux enfouis à une époque tout à fait récente; mais le même fait aussi a été signalé pour des os d'ours et d'hyènes retirés d'autres cavernes. Grâce à l'intervention de M. Brullé, doyen de la Faculté des sciences de Dijon, M. le directeur du musée de cette ville a bien voulu me communiquer les deux mâchoires de Glouton dont je viens de parler, ce qui m'a permis de les faire dessiner pour mon ouvrage, et mouler pour la collection du Muséum. Je les mets sous les yeux de la Société comparativement avec une tête osseuse d'un Glouton actuel provenant du Nord de l'Europe.

Le maxillaire supérieur est celui du côté gauche. On y voit, en place, la série des quatre dernières molaires, dont la carnas

(1) Goldfuss, Nova acta nat. curios., t. IX, p. 311.

(2) Par MM. Van Beneden et Dupont.

(3) Dans la caverne de Bleadon.

(4) Zool. et Pal. franç., P.

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sière a eu sa couronne en partie détruite. Les dents offrent une analogie complète avec celles du Glouton actuel, et il est impossible de les attribuer à une autre espèce. Leur longueur totale est de 0,044, ce qui dépasse un peu la longueur totale 0,038 des mêmes dents mesurées chez le Glouton récent mises en regard d'elles.

Une pareille similitude de forme, alliée à une taille également supérieure, se retrouve entre le maxillaire inférieur du Glouton trouvé à Fouvent et celui du Glouton vivant auquel je le compare. Ce maxillaire est aussi celui du côté gauche, et il a très-probablement appartenu au même sujet que le fragment qui vient d'être décrit. On y voit en place les deuxième et troisième incisives, la canine et les molaires antérieures; la sixième, ou tuberculeuse, n'est représentée que par son alvéole. La longueur de ces cinq molaires prises ensemble est de 0,050; celle des dents correspondantes sur le sujet d'époque actuelle n'est que de 0,048.

Avec ces débris il y avait des restes de Canis, en particulier deux maxillaires inférieurs qui me paraissent mériter aussi une mention.

L'un est d'un Canis de la taille du loup; mais on pourrait à cause de la petitesse de la pointe interne de la carnassière, l'attribuer à un chien. Il offre cela de remarquable, que ses tuberculeuses étaient au nombre de trois, comme on en cite des exemples dans le chien domestique (1). La troisième de ces tuberculeuses n'est pas conservée, mais son alvéole est trèsapparente.

L'autre est d'un animal plus petit et comparable à un trèsfort renard ou à un chacal. Je lui trouve même plus d'analogie avec cette dernière espèce, mais je n'ose assurer qu'elle lui appartienne; ce qui me la fait citer ici, c'est qu'elle n'a qu'une seule tuberculeuse et montre par conséquent la formule du Cuon. Toutefois ce n'est pas un Cuon, car le tubercule postérieur de sa carnassière et sa tuberculeuse n'ont pas la forme propre à ce dernier animal et rappellent au contraire davantage le chacal.

M. Gervais met ensuite sous les yeux de la Société le dessin du grand humérus d'oiseau recueilli à Léognan par

(1) Blainville, Ostéographie, genre Canis, pl. 12.

M. Delfortrie, et il rappelle que le même géologue vient aussi de trouver dans ce gisement un maxillaire inférieur d'Halitherium. L'humérus d'oiseau a une très-grande analogie avec celui sur lequel M. Lartet a établi son genre Pelagornis et qui provient de la mollasse marine de l'Armagnac.

M. Tournouër rappelle que la mollasse de Léognan a fourni de belles espèces de chélonés.

M. Gervais montre ensuite une pièce fossile de Saurien, recueillie par M. Matheron, dans les lignites de la Nerthe; il discute ses affinités avec les autres reptiles et émet l'opinion que, malgré son analogie avec les Iguanodon, elle indique un genre nouveau. Le gisement de ce fossile intétéressant est attribué par M. Matheron au terrain crétacé supérieur.

Le Secrétaire lit la note suivante de M. Bourassin :

Note sur les Blocs granitiques qui se trouvent aux environs de Concarneau et de 1réguier; par M. Bourassin.

Il existe dans les environs de Concarneau, sur une grande étendue de terrain, des blocs granitiques d'une grosseur énorme; quelques-uns sont à peu de distance du lieu dont ils ont été détachés; mais beaucoup d'autres sont dispersés à plusieurs kilomètres et doivent être, je crois, considérés comme des blocs erratiques. Ces masses de granite sont répandues sur la surface du sol dans la direction de l'est à l'ouest sur une étendue de plus de trois lieues en longueur et près de deux lieues en largeur, bornée au nord, par une bande de michaschiste, et au sud, par des roches granitoïdes décomposées, traversées par des veines de quartz et de felspath. Toutes ces roches reposent sur un sol sablonneux d'alluvion ou sur de l'argile plastique; e crois qu'elles ont été détachées de la baie de Concarneau, près du cap nommé cap Hellou, à une époque indéterminable, qui pourrait bien être celle où les îles des Glénans furent séparées du continent. On voit par l'aspect des lieux que ce terrain a été fortement tourmenté et a subi à plusieurs époques des dislocations très-grandes.

Pour expliquer ce chaos qui excite vraiment l'étonnement et l'effroi, on est obligé d'appeler à son secours tout ce que la nature peut produire de plus terrible, les soulèvements, les tremblements de terre, les ouragans et les tempêtes. Ces roches, dont quelques-unes sont à la surface de la terre et d'autres fortement enfoncées, ont quelquefois des formes bizarres, formant souvent par leur superposition des grottes peu profondes; d'autres sont considérées comme des dolmens; il y en a qui sont verticales de plusieurs mètres de haut, et que l'on appelle des menhirs. Ces pierres, dit-on dans le pays, ont été élevées par la main des Druides.

Séance du 19 avril 1869.

PRÉSIDENCE DE M. DE BILLY.

M. de Lapparent, secrétaire, donne lecture du procèsverbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance,

le Président proclame membre de la Société :

M. MARION (Fortuné), préparateur à la Faculté des Sciences à Marseille (Bouches-du-Rhône); présenté par MM. de Saporta et Albert Gaudry.

Le Président annonce ensuite deux présentations.

DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.

La Société reçoit :

De la part de M. Albert Falsan, Introduction pour l'étude du terrain erratique de la partie moyenne du bassin du Rhône; in-8, 26 p., 7 pl.; 1869; Paris, chez F. Savy; Lyon, chez P. Mégret.

De la part de M. Ch. Grad, Observations sur la vallée du Grindelwald et ses glaciers (août 1868); in-8, 45 p.; Paris, 1809.

De la part de M. Ch. Ledoux, Étude sur les terrains traisique et jurassique et les gisements de minerai de fer du département de l'Ardèche; in-8, 115 p., 1 carte et 3 pl. de coupes; 1868; Paris, chez F. Savy; Privas, chez Curnier.

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