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ont le privilége de tenir éveillée en ce moment, dans les Alpes dauphinoises et provençales, ainsi que dans les Carpathes, l'attention des géologues sur un sujet auxquel es idées systématiques ont attribué peut être plus de relief qu'il n'en comportait réellement par lui-même. Quoiqu'il en soit, le moment nous a paru opportun pour verser, sans idées préconçues, quelques pièces nouvelles au procès, espérant qu'elles pourront aider, dans une certaine mesure, à la solution du problème.

Nous devons déclarer qu'aucun travail sérieux de géologie n'ayant été produit sur les terrains qui font l'objet de cette étude, nous conserverons toute liberté dans nos allures. Les seuls documents qu'il nous a été permis de consulter, pour nous aider dans nos recherches, sont la Carte géologique de la France, qui n'indique que du jurassique inférieur là, où nous n'avons rencontré que de la craie, et celle de M. Ém. Dumas qui n'indique, entre Ganges et Sauve, que l'étage oxfordien, où nous aurons à signaler la continuatiou du klippenkalk de la Séranne, que le savant observateur, qui le considère comme du corallien, arrête sur la rive droite de l'Hérault, tandis qu'il le franchit et forme le contre-fort montagneux qui court de l'O. à l'E., parallèlement à la route impériale, et vient se fondre dans les montagnes d'Anduze.

Ganges est bâti au pied même de ce contre-fort qui, dans la direction de l'ouest, s'infléchit sensiblement vers le sud pour se souder à la chaîne escarpée de la Séranne, dont le point culminant est de 915 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette chaîne calcaire, qui forme un rempart continu, et qui n'est guère accessible qu'aux piétons, est un pur klippenkalk, que font remarquer de loin l'aridité de ses flancs et les cassures crûment accentuées de ses cimes. C'est contre elle, mais à sa base, que viennent s'appliquer les premières assises néocomiennes, dont les éléments argileux donnent naissance à des collines ondulées, et par lesquelles le pays bas du Languedoc est mis en communication avec les Cévennes. La fissure à travers laquelle la rivière de l'Hérault coule et qui a scié le klippenkalk dans toute son épaisseur a permis aux voitures, qui jusqu'à Ganges n'avaient pu longer que le revers méridional de la chaîne, d'atteindre le revers septentrional dans la direction du Vigan, en d'autres termes, de fouler le terrain jurassique au lieu du terrain crétacé.

Le torrent de Sumène a procédé à la manière de l'Hérault

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et pénètre jusqu'à la formation des schistes cristallins, en entamant successivement tous les étages de la série jurassique qui se termine par l'infra-lias. Aussi est-ce la vallée de Sumène que nous choisirons de préférence pour nos études à travers les bancs à cause de la régularité avec laquelle se superposent les divers termes de la série secondaire, et dont le diagramme ci-devant indique l'ordre relatif de succession.

La ville de Sumène est bâtie sur les marnes supraliasiques A, qui contiennent les Ammonites opalinus, sternalis, mucronatus, etc.

Au-dessus on observe un étage puissant de dolomies grenues, cristallines, noires à la surface, découpées aux affleurements en prismes, en obélisques et en pyramides de formes fantastiques. Ce sont les mêmes que la Société géologique a eu le plaisir d'admirer à Mourèze, dans le voisinage de Clermontl'Hérault. Elles occupent la place du jurassique inférieur tout entier. Elles sont sans fossiles.

L'étage oxfordien, qui les recouvre immédiatement, débute par des marnes grises C, alternant avec des calcaires marneux gris, dans lesquels on recueille avec profusion les Belemnites hastatus, Ammonites canaliculatus, A. transversarius, A. perarmatus, A. crenatus; viennent ensuite des calcaires noirs exploités pour les constructions, entremêlés d'argiles noirâtres. L'étage est couronné par de puissantes masses d'un calcaire lithographique C' gris ou jaunâtre, nettement stratifiées, dans lesquelles nous avons recueilli l'Ammonites oculatus. L'oxfordien atteint dans son ensemble une puissance de plus de 140 mètres, comme on peut en juger aussi dans la cluse de Thaurac, entre Laroque et Saint-Bauzille-en-Putois.

Au-dessus de l'oxfordien se développe un nouvel étage dolomitique D qui n'a pas moins de 80 mètres d'épaisseur. Minéralogiquement, il ne se distingue point des dolomies inférieures; mais sa position constante, au-dessus des calcaires lithographiques oxfordiens, fournit un excellent point de repère qui permet d'établir une séparation facile entre ces derniers et d'autres calcaires également compactes qui lui sont supérieurs. On le reconnaît sans peine à la simple vue, même de loin. La faculté que possède la dolomie de s'égrener à la surface et de laisser la végétation recouvrir les talus, et sa couleur brunâtre qui tranche vivement sur le ton grisâtre ou blanchâtre des calcaires encaissants, fournissent un caractère extérieur dont le géologue tire le plus grand parti pour se re

connaître au milieu de ces montagnes calcaires. Le seul fossile que nous avons pu recueillir est un Ammonites qui se rapporte à l'A. Achilles, espèce corallienne.

Puisque l'oxfordien supérieur est représenté par les calcaires lithographiques qui surmontent les bancs à Ammonites transversarius et qui correspondent par conséquent à l'argovien des géologues suisses, il est logique d'admettre que les dolomies tiennent la place de l'étage de la même manière que les dolomies inférieures tiennent celle du jurassique inférieur. Leur position d'abord et ensuite l'Ammonites Achilles que nous y avons découverts donnent du poids à cette opinion. Si donc cette opinion est fondée et si les couches se succèdent, dans cette partie de la France, dans le même ordre que dans les autres contrées jurassiques, dans le Jura, par exemple, nous devrons naturellement trouver au-dessus des dolomies supra-oxfordiennes le représentant de l'étage kimméridgien.

Nous passerons donc à l'étage des calcaires blancs et lithographiques E. Nous touchons ici à un des étages qui joue le rôle le plus relevant dans la série des terrains qui se développent dans les cantons de Ganges, de Saint-Hippolyte et de Sumène, autant par la puissance énorme qu'il acquiert, et qui paraît dépasser 180 mètres, qu'à cause des fossiles variés qu'il renferme. Il consiste dans tout son ensemble en des calcaires purs, constamment privés d'argiles. Nous verrons incessamment que l'interprétation de la faune qu'il recèle conduit à l'assimiler aux assises corallifères du mont Salève, du mont du Chat, de l'Échaillon, d'Angoulins, de Tonnerre, de la Provence maritime, et très-probablement au corallien de Verdun et de la Nièvre; or, comme ces divers gisements, sur lesquels existent de nombreux travaux, occupent une position bien connue, ils nous autorisent à affirmer leur équivalence avec ceux de l'Hérault et du Gard, et, par conséquent, à rattacher par un lien commun nos Alpes méridionales aux Alpes dauphinoises et savoisiennes.

La composition de nos calcaires est des plus simples, puisqu'ils n'admettent aucune roche subordonnée. Ils fournissent des matériaux irréprochables pour la fabrication de la chaux grasse; mais, en revanche, ils se montrent d'une stérilité complète. Suivant la manière dont les soulèvements ont façonné les couches, ils donnent naissance à de grandes murailles frangées d'une façon capricieuse dans leur couronnement, ou bien à des pics qui impriment beaucoup de grandeur au

paysage. Toutefois ils sont la patrie par excellence des escarpements verticaux, surtout au-dessus des cours d'eau, et le nom de klippenkalk que leurs analogues ont reçu dans le langage allemand, est parfaitement justifié. Quant aux variations que la roche est susceptible de présenter dans sa texture, elles sont utiles à signaler, par la raison qu'elles entraînent souvent une modification dans la physionomie de la faune, de sorte que, suivant les points où portent les recherches, on est exposé à faire une bonne récolte de fossiles ou à n'en rencontrer aucune.

Dans les environs immédiats de Ganges, et surtout dans les quartiers de Cazillac et de Rans, les roches sont très-fossilifères et se présentent alors sous la forme d'un calcaire blanc un peu rosé, semi-cristallin, passant par places à un calcaire oolithique à oolithes mal définies, et quelquefois, comme au bois de Mounier, dans la commune de Pompignan, à une roche grossière formée entièrement de débris roulés et usés de coquilles passées à l'état spathique et mal reliés entre eux, roche qu'on a l'habitude d'observer fréquemment dans les étages corallifères de la Meuse et du Jura, et qui existe également dans le vallon de la Cloche près de Marseille. Quant aux variétés subsaccharoïdes, elles sont susceptibles de donner des marbres qu'on a exploités sur le revers méridional de la SainteBeaume, dans la commune de Riboux, et au-dessus de Trets, dans l'arrondissement d'Aix.

Entre la vallée de Riotort et Saint-Hippolyte, les calcaires changent un peu de caractère; ils ont bien conservé leur couleur blanche, mais ils deviennent compactes, chantent sous le marteau à la manière des phonolites, ont la cassure largement conchoïdale, et contiennent beaucoup moins de fossiles. Cependant, sur les surfaces exposées aux injures atmosphériques, on voit se dessiner en relief les mêmes Échinides, les mêmes polypiers et les mêmes Diceras que l'on obtient tout détachés dans les calcaires semi-cristallins et oolithiques. Cette variation peut très-bien s'observer quand on se rend par le quartier des Patus, au N. de Ganges, au pic du Rans de Bonne qui domine la ville de Sumène. Près du Mas de Viala surtout, et dans le voisinage des dolomies, on voit le calcaire, qui était blanc et fossilifère dans les premiers gradins de la montagne, passer graduellement à un calcaire grisâtre et lithographique qu'on pourrait confondre avec les calcaires oxfordiens et dans lequel il est difficile d'apercevoir des fos

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