Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

On voit que la tourbe est recouverte d'une couche d'alluvion de 4,50 d'épaisseur, qui devient très-limoneuse à la surface du sol.

M. l'ingénieur Saint-Yves, en fondant l'écluse de Martot, près d'Elbeuf, a mis au jour une autre couche de cette tourbe. Coupe de la rive gauche de la Seine, à l'écluse de Martol.

Terre végétale et sable
tr.-fin.

Glaise.

Tourbe favec ossements
humains, bœufs, san-
gliers, etc.

Glaise.

Vase et sable.'

A Meulan, on n'a trouvé que les fossiles ordinaires de la tourbe, avec de nombreux tronçons d'arbres.

A Martot, on a découvert dans la tourbe des ossements humains et, en même temps, des ossements de bœufs, de sangliers, etc. Parmi les restes humains, se trouvait un très-beau crâne, presque complet, qui a été reconnu, par M. le docteur Pruner-Bey, comme appartenant à la race celtique.

Le relief des bassins de la Seine et des cours d'eau limitrophes était, pendant toute la durée de l'âge de pierre, à très-peu près ce qu'il est aujourd'hui. Ces bassins présentaient donc aussi la même disposition de terrains perméables et imperméables. Mais alors, il fallait que le régime des pluies fût, au contraire, tout différent, puisque les eaux pluviales ruisselaient à la surface des terrains les plus perméables, de la craie, par exemple; c'est ce que j'ai déjà fait voir, en discutant la coupe du fond de la vallée de la Vanne. Cette question est tellement importante, qu'il est bon de prouSoc. géol., 2o série, tome XXVI.

57

ver que le régime ancien de la Vanne n'était point un cas particulier. Prenons un autre exemple, la vallée de la Somme, pour nous placer sur un terrain plus connu des géologues.

Tous ceux qui ont visité cette vallée, près d'Amiens, savent qu'on y trouve, au-dessus des tourbières, deux étages de sablières bien séparés, l'un à une petite hauteur au-dessus des eaux actuelles de la rivière, (St-Roch, Montières) l'autre à un niveau plus élevé (St-Acheul); ces deux étages correspondent à peu près à nos hauts et à nos bas niveaux de Paris. les zones de cailloux et de sables sont disposées comme dans nos grandes rivières actuelles; le sable est parfaitement pur; ce qui prouve qu'il était remué et lavé par un courant d'eau animé d'une certaine vitesse.

Or, comment un courant d'eau violent pouvait-il exister dans la vallée de la Somme, si, comme aujourd'hui, les eaux pluviales étaient absorbées en totalité sur place, et passaient par les sources, avant d'arriver aux thalwegs? La portée des grandes crues ordinaires de la Somme est à peine trois ou quatre fois plus grande que sa portée d'étiage, et c'est à cette tranquillité de régime qu'on doit attribuer le grand développement des tourbières du fond de la vallée. Autrefois la rivière, non-seulement ne produisait pas de tourbe, mais encore était assez violente pour déplacer le sable et les cailloux; il fallait donc que les eaux pluviales ruisselassent à la surface du sol de son bassin.

Cependant, ce bassin était aussi perméable qu'aujourd'hui. Par conséquent, les chutes de pluies ou de neige étaient beaucoup plus grandes, puisque la totalité de l'eau n'était pas absorbée sur place. Ces ruissellements d'eaux pluviales ou de neiges fondues ne sont pas sans exemple dans les temps modernes.

La Somme éprouve des crues assez grandes pour être désastreuses, mais qui se renouvellent à peine une fois par siè cle; telle a été celle de février 1658. D'après les récits du temps, cette crue a été produite par une grande fonte de neige; le froid avait été excessif pendant six semaines, et la couche de neige, qui s'était accumulée à la surface du sol, avait la hauteur d'un homme.

Ces phénomènes, qui se reproduisent trop rarement dans les temps modernes pour troubler la production de la tourbe, devaient être beaucoup plus fréquents autrefois, pendant la Longue durée de l'âge de pierre. On ne peut donc comprendre

l'existence des cours d'eau à crues violentes, qui remplaçaient autrefois les ruisseaux, aujourd'hui si paisibles, des vallées à versants perméables, comme celle de la Somme, qu'avec un ruissellement considérable et habituel des eaux pluviales à la surface du sol.

S'il en était ainsi, ces eaux devaient arriver dans les vallées chargées du limon rouge des plateaux, et il n'y a rien de surprenant que, dans leurs débordements, elles déposassent ce même limon sur les graviers plus élevés que le lit sur lesquels elles s'étendaient, comme le font encore toutes nos rivières à grandes crues ou à versants imperméables. C'est ce qui explique ces dépôts de limon rouge qui, dans certaines parties de la vallée de la Somme, et notamment à Amiens, semblent se relier aux limons des plateaux.

Ce ruissellement des eaux pluviales, à la surface des terrains aujourd'hui si complétement perméables, est la preuve la plus incontestable de l'existence des grands cours d'eau de l'âge de pierre.

M. Lesquereux fait remarquer que les tourbières appartiennent essentiellement aux zones froides et tempérées.

La température moyenne la plus favorable à la production. de la tourbe, est comprise entre 6 et 8 degrés centigrades (Irlande, iles Malouines). Dans les plaines basses, on ne trouve pas de tourbe au sud du 46° degré de latitude boréale, et, suivant Darwin, au nord du 41° degré de latitude australe. M. Lesquereux cherche à établir que la répartition géographique des autres combustibles minéraux, de la houille et de l'anthracite, est à peu près la même, c'est-à-dire que ces combustibles ne sortent guère des limites des régions tempérées. Je ne sais si les découvertes modernes n'infirment pas cette opinion. Les terrains carbonifères des États-Unis descendent, vers le sud, bien au-dessous de 46 degrés de latitude; mais, quoi qu'il en soit, les études qui précèdent peuvent jeter quelque lumière sur cette importante question.

On voit d'abord que, dans les terrains perméables les accumulations de végétaux n'ont pu se former, aux époques paléozoïques comme aujourd'hui, qu'au fond des vallees les plus profondes, au bord des rares cours d'eau qui les sillonnaient, l'humidité manquant sur les pentes et dans les vallées peu profondes.

Il résulte de là que les combustibles minéraux doivent être fort rares dans les terrains perméables, non-seulement parce que les accumulations de végétaux ne peuvent s'y former que sur des surfaces très-restreintes, mais encore parce que ces dépôts, placés au fond des vallées, ont dû être balayés par les déplacements de la mer, dans toutes les révolutions du globe.

Les combustibles minéraux manquent aussi dans toutes les formations franchement argileuses, parce que les eaux pluviales coulant toujours à la surface et produisant des crues violentes au fond des vallées, les débris de végétaux n'ont pu s'accumuler nulle part.

Au contraire, les terrains paléozoïques fissurés ou schisteux ont dû, comme aujourd'hui, donner naissance à de nombreux suintements, et, par conséquent, les plantes aquatiques ont pu s'y développer de tout temps, comme elles s'y développent encore dans les tourbières des pentes et des plateaux. De là l'origine de la houille et de l'anthracite.

Je ne puis m'étendre plus longuement sur cet important sujet, qui exigerait une étude toute spéciale.

Quelques observations sont présentées par MM. de Mortillet et de Billy sur la tranformation en tourbières des petits lacs de l'Italie et de la Suisse.

Séance du 24 mai 1869.

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GERVAIS.

M. Louis Lartet, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président annonce ensuite trois présentations.

DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ.

La Société reçoit :

De la part du Comité de la Paléontologie française, Terrain jurassique, 15° livraison. - Zoophytes, par MM. de Fromentel et de Ferry; texte, f. 13 à 15; atlas, pl. 49 à 60.

De la part de M. Charles Des Moulins, Note additionnelle.

Réponse à une lettre de M. Alexis Jordan; in-8, 7 p. Bordeaux, 1869; chez Lafargue.

De la part de M. Hébert, Classification of the upper cretaceous period; 1 p. in-4°; (Extr. du Geological magazine, vol. VI, no5, mars 1869).

De la part de M. Z. Laduron, Distribution d'eau dans le bassin de Charleroi; in-4°, 74 p., 1 carte. Bruxelles, 1869; chez E. Guyot.

De la part de MM. Éd. Lartet et H. Christy, Reliquiæ aquitanica; in-4°, pp. 95-102 et 97-112, et pl. A. XXI-XXIV; B. XV et XVI. Paris, 1869; chez J.-B. Baillière et fils.

De la part de M. E. de Mojsisovics, Ueber die Gliederung der oberen Triasbildungen der östlichen Alpen; in-4°, 60 p., 3 pl. Vienne, 1869.

De la part de M. C. Montagna, Nouvelle théorie du métamorphisme des roches; in-4o, 127 p. Naples, 1869; chez R. Dura.

Le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. le Dr Renard, invitant la Société géologique de France à prendre part au jubilé semi-séculaire du doctorat de M. Eichwald.

La date de ce jubilé, fixée au 30 mai, ne permettant pas qu'aucun membre de la Société géologique s'y rende, on décide que le Président écrira à M. Renard, pour lui faire connaître la part que la Société prend à cette fête.

M. Éd. Lartet lit la lettre suivante de M. l'abbé Bourgeois :

<< Cher monsieur,

Pont-Levoy, 20 mai 1869.

« L'action de l'homme sur mes silex des dépôts miocènes de Thenay a été reconnue par toutes les personnes compétentes qui les ont sérieusement examinés. Mais la question du gisement pouvait présenter de l'incertitude aux géologues, qui n'ont pas le temps d'étudier minutieusement la constitution stratigraphique du sol.

Dans le but d'arriver à une solution plus prompte et plus

« ZurückWeiter »