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outre qu'il y aura toujours 20,000 hommes sur pied et 10,000
chevaux, et qu'un Parlement libre sera convoqué pour le 3 de
Septembre prochain, et qu'advenant la mort du Protecteur il
en sera choisi un autre par le Conseil, donnant l'exclusion aux
enfants du défunt et à ceux qui seront du sang royal. La
lecture faite et le serment prêté entre les mains du chancelier,
le sieur Protecteur s'assit dans une chaire préparée, se couvrit,
et les autres demeurant debout et tête nue, les chanceliers lui •
présentèrent insignia Majestatis, et le maire l'épée. Il les
prit et les leur rendit et s'en retourna dans le même ordit.
sinon que le dit maire portait devant lui l'épée comme au-
trefois devant le roi et même dans son carosse, où tout le
monde jusques à ses gardes étaient tête nue. La cérémonie
s'acheva dans le palais royal d'où il était parti, par un sermon
sur le sujet.

APPENDIX II.
(Page 52.)

1.-M. DE BORDEAUX TO M. DE BRIENNE.

Londres, 25 Juin, 1654.

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MONSIEUR,

J'AI laissé passer deux ordinaires sans me donner l'honneur de vous écrire, le premier pour n'avoir rien eu à mander que des remises, et le second pour avoir voulu attendre le retour de M. de Baas de chez Monsieur le Protecteur, qui l'avait envoyé chercher, prévoyant que c'était pour quelque chose d'extraordinaire. Il ne m'eut pas sitôt fait le rapport de sa conference que trois ministres du Conseil me vinrent trouver, et me tinrent jusques après l'heure du départ de la poste. J'ai depuis vu M. le Protecteur, et quoique je pusse remettre au sieur de Baas la relation de tout ce qui s'est passé, néanmoins crainte qu'il n'arrive pas assez tôt à la cour, je tâcherai de satisfaire l'impatience que sa Majesté pourrait avoir d'être informée des sujets de sa retraite. Il sera sans doute, Monsieur, venu à votre connaissance que depuis deux mois un nommé Naudin, médecin Français, avait été trouver M. de Baas et s'était offert de gagner quelques officiers de l'armée, même quelque place, et fomenter une division dans cet Etat,

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si la France voulait appuyer ce dessein, présupposant que nous
ne devions pas rejeter des propositions si avantageuses, puis-
que ce régime était entièrement porté à preférer l'amitié de
l'Espagne à celle de France. Quoique cette ouverture dans un
temps auquel toutes nos instances pour l'accommodement ne
produisaient aucun effet, néanmoins le dit sieur de Baas ne se
voulut point engager, sur ce qu'il ne croyait pas, que la cour
eût intention d'entrer dans de semblables entreprises, tant
qu'elle verrait jour à l'accommodement. Le dit Naudin' ne
laissa pas de temps en temps de le revenir voir, croyant sans
doute que Sa Majesté lui enverrait de nouveaux ordres. Ce
commerce a continué sans ma participation, jusqu'au jour que
le dit Naudin a été fait prisonnier. Il ne fut pas sitôt inter-
rogé, que de plusieurs endroits l'on m'averti que nous étions
soupçonnés d'avoir part à la conjuration. Même un de nos
commissaires me le fit savoir, et désigna le dit sieur Baas, en
me déchargeant de ce soupçon, que je considérai comme un
prétexte dont l'on se voulait servir pour retarder notre négo-
ciation. Je ne laissai pas néanmoins de faire toutes diligences
pour effacer cette défiance, principalement après avoir appris
dudit sieur de Baas tout ce qui s'était passé, et le peu de fon-
dement qu'elle avait. Elles n'empêchèrent pas que M. le
Protecteur ne le mandât, il y a quinze jours, pour l'interroger,
dont quelques uns de son Conseil le détournèrent, et quoique
depuis ce soupçon parut être dissipé, néanmoins, soit que,
comme l'on m'assure, il ait été renouvelé par des lettres de
France, ou que l'on fasse présentement moins de difficulté
d'éclater, mon dit sieur le Protecteur le renvoya chercher
lundi après diner, et en présence de sept de son Conseil, lui fit
des reproches de ce qu'il avait trempé dans une conjuration
contre sa personne et cet Etat, lui lut la déposition de Naudin,
et le pressa d'y répondre. Ce coup n'ayant point été imprévu,
nous ions jugé à propos de ne lui point refuser en particulier
quelqu'
ment mais qu'il ne fallait se laisser traiter
en criminel o
Din) it sieur de Baas, ne croyant pas
de pouvoir répondre sans jeur l'un ou l'autre personnage,

se défendit sur ce qu'il ne
qu'au roi, et néanmoins lu
l'éclaircissement que la bienséan

dre compte de ses actions Your sa satisfaction tout ouvait permettre.

M. le

Protecteur ne laissa pas de le presser, et le trouvant ferme dans la négative, se retira pour délibérer avec son Conseil, et aussitôt lui vint déclarer que, puisqu'il ne voulait point répondre, qu'il eut à se retirer aujourd'hui. Le dit sieur de Baas sortait de me rapporter ce procédé, lorsque deux de nos commissaires et le sieur Pickering, à dix heures du soir, me vinrent trouver de la part de son Altesse; ils me dirent qu'elle les avait envoyés de vers moi, et que, crainte de ne se pas bien expliquer, ils avaient mis par écrit leur ordre dont la substance était, qu'il y a six semaines qu'un gentilhomme d'honneur fut recherché d'entrer dans une entreprise contre la vie de son Altesse et la paix de cette République par un nommé Naudin, Français, qui promettait que le sieur de Baas, fort accrédité auprès de son Eminence, fournirait argent et toutes choses nécessaires pour l'execution de ce dessein; que depuis il lui avait souvent renouvelé les mêmes assurances, dont étant demeuré d'accord dans son audition et le dit sieur de Baas n'ayant voulu donner aucune satisfaction sur ce sujet à son Altesse, elle ne le croyait plus capable de traiter; et qu 'afin, de me faire connaître que sa retraite ne porterait point de préjudice aux affaires, elle avait ordonné à mes commissaires de s'assembler et de dresser un traité à des conditions raisonnables et égales. Ils m'ajouterent ensuite qu'elle ne croyait point que le Roi ni son Eminence eussent aucune part à cette entreprise, et qu'elle écrirait à l'un et à l'autre. Je n'oubliai rien de ce qui la pouvait désabuser que le dit sieur de Baas eût rien fait contre leurs intentions et pour l'obliger à ne pas faire injure sur un soupçon si léger à une personne qui avait l'honneur d'être ministre de Sa Majesté, et les pressai de me faire savoir quelle satisfaction son Altesse desirerait, afin que je lui donnasse. Mais je ne pus tirer d'eux aucune réponse, sinon que M. le Protecteur ne pouvait témoigner son ressentiment avec plus de douceur, qu'il était persuadé de la volonté du dit sieur de Baas et ne demandait point de satisfaction, que, sans cette cezjoncture, le traité aurait été conclu, qu'ils avaient charge d'en examiner les conditions et feraient leur rapport de ce que je venais de leur dire. Je ne laissai pas de demander audience dès le lendemain, dans laquelle je temoignai à M. le Protecteur que le

Roi ayant procédé en son endroit avec tant de sincérité, et les actions noires etant en si grande horreur à ceux auxquels il confie le soin de ses affaires, il y avait de quoi s'étonner que ses ministres pussent être soupçonnés d'avoir eu part dans une telle enterprise, et que si le dit sieur de Baas se trouvait avoir passé pardessus ses ordres, sa conduite serait désapprouvée, et son Altesse en recevrait la même justice que Sa Majesté pourrait desirer dans une semblable rencontre, mais qu'il ne fallait point si légèrement entrer en défiance d'une personne dont les intérêts n'étaient point séparés de ceux de son maître; que, quand le dit Naudin aurait employé son nom, ou même avouerait avoir reçu quelques propositions, ce n'était pas une preuve suffisante, étant assez ordinaire à ceux qui veulent engager quelqu'un dans leurs desseins de se faire forts de personnes puissantes et aux accusés de rejeter leur crime sur autrui ; outre que, ne paraissant par sa déposition, si ce n'est que le dit sieur de Baas lui à fait forte questions sur l'état des affaires de ce pays et la disposition des esprits, il ne s'en peut pas inférer que ç'ait été avec dessein de brouiller, ce gouvernement, et que si son Altesse voulait suspendre son jugement, jusques à ce qu'elle fût plus éclaircie, je m'assurais qu'il ne lui resterait aucun scrupule, que, quand même sa défiance aurait plus de fondement, elle devait au moins en user avec cette déférence devant que de chasser le dit sieur de Baas, d'en faire ses plaintes au roi et demander sa révocation qui ne serait pas refusée. Je lui représentai aussi que le retour du dit sieur de Baas sur le point de la conclusion d'un traité, après tant de remises, pouvant être imputé à d'autres causes qu'au défaut de sa conduite et confirmer les avis qui nous venaient de tous côtés que Sa Majesté ne devait s'attendre à aucun accommodement avec l'Angleterre nonobstant toutes les paroles qui nous avaient été données. Il était nécessaire, pour prévenir les mauvais effets qu'elle pourrait produire, de me mettre en état que les mêmes dépêches qui porteraient les nouvelles de cette retraite, portassent aussi celles de la conclusion du traité, qui se pouvait achever en peu d'heures, puisque déjà les propositions générales étaient réglées ; et que, touchant le commerce, nous étions convenus de le régler suivant les anciens traités et à

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des conditions égales. La réponse de M. le Protecteur fut qu'il n'avait jamais entré en soupçon que Sa Majesté eût part à la conjuration qui avait été découverte, mais que le dit sieur de Baas lui paraissant plus coupable que je ne présupposais, il ne le pouvait souffrir plus longtems en Angleterre; qu'il ne doutait point que Sa Majesté auquel il en écrirait ne lui fit justice, et qu'il était bien aise de voir que je correspondais au dessein qu'il avait de continuer incessamment le traité ; que Jeudi dernier les commissaires me fussent venus trouver sans cette rencontre, et que, dans deux jours, ils m'apporteraient la réponse à mes articles et ses propositions. Ce fut le résultat d'une audience de deux heures, dans laquelle je n'oubliai pas de témoigner que Sa Majesté aurait sujet de se plaindre du traitement, que recevait son ministre, les défiances que lui donnaient tant de remises et la liaison avec cet Etat dont nos ennemis se vantaient, ni aussi de lui toucher les considérations qui le devaient obliger à changer de procédé, s'il souhaitait l'amitié de la France, sans en retirer aucune autre satisfaction pour ce qui était du sieur de Baas; et à l'égard de l'accommodement qu'il ne doutait pas que nous ne reçussions aussi bien que lui beaucoup d'avis qui nous donnaient de la jalousie, mais que nous reconnaitrions que les Anglais sont francs et sincères, et me confirma que, dans cette semaine, j'aurais un entier éclaircissement de ses prétentions. Encore que j'eusse été averti dès la veille que la résolution avait été prise de ne pas révoquer l'ordre donné au dit sieur de Baas, je crus néanmoins qu'il était à propos d'en témoigner du ressentiment, mais non pas, suivant son opinion, de me retirer d'Angleterre ou de Londres devant que d'en avoir reçu un commandement exprès, pour ne pas engager le roi dans une rupture, encore qu'il paraisse ici beaucoup de mauvaise volonté, et quand même, devant que d'aller à l'audience, j'aurais été d'un autre sentiment, la parole précise que me donna M. le Protecteur de se déclarer dans trois jours me l'aurait fait changer. Que si cette retraite est jugée si injurieuse que je ne puisse plus demeurer avec honneur en Angleterre, Sa Majesté sera en état de me retirer sans scrupule, que ma révocation ait empêché l'accommodement si par le prochain

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